SYSTÊME DES ANIMAUX SANS VERTEBRES. SYSTÊME DES ANIMAUX SANS VERTEBRES. OU TABLEAU général des classes, des ordres et des genres de ces animaux ; Présentant leurs caractères essentiels et leur distribution, d'après la considération de leurs rapports naturels et de leur organisation, et suivant l'arrangement établi dans les galeries du Muséum d'Hist. Naturelle, parmi leurs dépouilles conservées ; Précédé du discours d'ouverture du Cours de Zoologie, donné dans le Muséum National d'Histoire Naturelle l'an 8 de la République. PAR J. B. LAMARCK, De l'Institut National de France, l'un des Professeurs-Administrateurs du Muséum d'Hist. Naturelle, des Sociétés d'Histoire Naturelle, des Pharmaciens et Philomatique de Paris, de celles d'Agriculture de seine et Oise, etc. A PARIS, Chez L’AUTEUR, au Muséum d'Hist. Naturelle ; Chez DETERVILLE, Libraire, rue du Battoir n° 16, quartier de l'Odéon. AN IX-1801 . AVERTISSEMENT sur l'objet et le plan de cet ouvrage En composant cet ouvrage, j'ai eu en vue d'offrir aux élèves qui suivent mes leçons au Muséum, et à ceux des écoles centrales de la République, un précis des caractères des Animaux sans vertèbres, et de leur présenter une distribution méthodique de ces animaux, fondée principalement sur la considération de leur organisation : Quoiqu'extrêmement resserré, cet ouvrage, je crois, sera utile non-seulement à ceux qui se livrent à l'étude de cette grande portion du règne animal, mais encore à ceux qui étudient le même règne en entier, ou au moins à ceux qui se proposent de se former une idée exacte et générale de ces êtres intéressans. Il est sur-tout devenu nécessaire depuis que la considération importante de l'organisation des animaux a appris que la classe des insectes et celle des vers, dans le Systema naturae de Linnéus étoient extrêmement fautives dans leur détermination, leur disposition et leurs limites. Il doit sans doute l'être encore davantage à une époque comme celle-ci, où l'étude de l'Histoire Naturelle est cultivée si généralement, et fait même partie de l'éducation nationale. La détermination des classes, des ordres et des principaux genres des Animaux sans vertèbres étant une fois arrêtée, et l'étant surtout d'une manière conforme à l'ordre naturel de ces animaux, il sera dorénavant facile de développer soit dans des ouvrages destinés à ces objets, soit dans des cours particuliers, tout ce qui tient à l'histoire, aux caractères et à l'intérêt des espèces. Et il est vraisemblable qu'on s'occupera moins de ces distributions systématiques et arbitraires dans lesquelles on voit par-tout les rapprochemens les plus disparates. Le Discours d'ouverture imprimé au commencement de cet ouvrage, pourra servir à caractériser d'une manière générale les animaux qui en sont l'objet ; à donner une idée de l'étonnante graduation qui existe dans la composition de l'organisation de ces animaux ; enfin à faire sentir tous les genres d'intérêt que la connoissance de ces êtres singuliers peut inspirer. J'y ai laissé entrevoir quelques vues importantes et philosophiques que la nature et les bornes de cet ouvrage ne m’ont pas permis de développer, mais que je me propose de reprendre ailleurs avec les détails nécessaires pour en faire connaître le fondement, et avec certaines explications qui empêcheront qu'on en abuse. Malgré la concision déterminée par mon plan, je n'ai pu me refuser d'exposer en tête de chaque classe et de chaque ordre quelques développemens très-bornés, mais nécessaires pour faire connoître suffisamment les objets mentionnés sous ces divisions ; et j’ai fait précéder chacune de ces classes, par un tableau général des divisions et des genres établis, parmi les animaux qu'elle comprend. Ces tableaux pourront être consultés avec intérêt ; parce qu'ils font connoître d'un coup-d'œil l'étendue de la classe, la nature et l'ordre de ses divisions, enfin la série des genres avec l'indication de leur numéro particulier. Je n'ai pas employé servilement les caractères présentés dans d'autres ouvrages ; car ayant à ma disposition la magnifique collection du Muséum, et une autre assez riche que j'ai formée moi-même par près de trente années de recherches, j'ai pu vérifier ceux dont j'ai fait usage et qui sont dans ce cas, et je l'ai fait autant qu'il m'a été possible. L'usage généralement établi les Lithologistes et les Oryctologistes, de terminer uniformément le nom de toutes les dépouilles des corps vivans qui sont dans l'état fossile, et dans ce cas de transformer le nom de peigne en pectine, de turbo en turbinite, &c. m'a forcé de changer les dénominations de quelques genres parmi les mollusques testacés et les Polypes coralligènes, parce qu’on avoit terminé mal-à-propos leurs noms, comme s’ils s'appliquoient à des objets connus seulement dans l’état fossile, ce qui n'étoit pas ainsi. Pour faire connoître d'une manière certaine les genres dont je donne ici les caractères, j'ai cité sous chacun d'eux une espèce connue, ou très-rarement plusieurs, et j'y ai joint quelques synonymes que je puis certifier ; cela suffit pour me faire entendre. Enfin j'espère offrir dans quelque temps au public un Tableau des espèces de chacun des genres établis dans cet ouvrage. Les Naturalistes savent que cette entreprise est considérable et même très difficultueuse. Mais le C. LATREILLE, qui a les plus grandes connoissances en entomologie, et à qui l’on devra la détermination de toutes les espèces d'insectes que renferme la riche collection au Muséum, m'a promis de se charger de la portion de travail qui concerne la classe des crustacés, celle des arachnides et celle des insectes. Le public, qui connoît déjà les talens distingués de ce Naturaliste, prévoit sûrement tout l’intérêt qu'il donnera au nouvel ouvrage dont je désire bientôt lui faire hommage. DISCOURS D'OUVERTURE PRONONCÉ LE 21 FLORÉAL AN 8 S'IL est vrai que pour étudier d'une manière profitable l’Histoire Naturelle, même lorsqu'on se propose de descendre jusque dans les moindres détails de ses parties, il soit avant tout nécessaire d'embrasser par l'imagination le vaste ensemble des productions de la nature, de s'élever assez haut par ce moyen pour dominer les masses dont cet ensemble paroît composé, pour les comparer entr'elles, enfin pour reconnoître les traits principaux qui les caractérisent ; si, dis-je, ces considérations sont nécessaires, je dois commencer par vous rappeler d'une manière succincte, les grandes distinctions que la nature elle-même semble avoir établies parmi l’immense série de ses productions, la marche ou l’ordre qu'elle paroît avoir suivi en les formant, et les rapports singuliers qu'elle fait exister entre la facilité ou la difficulté de leur multiplication et leur nature particulière. Ainsi, afin de vous donner des idées claires et utiles des objets dont je me propose de vous faire l'exposition pendant la durée de ce cours, je vais d'abord vous indiquer d'une manière rapide les principales coupes qui résultent des distinctions que la nature a tracées elle-même parmi ses nombreuses productions, ce qu'elles ont d'éminemment remarquable et qui les distingue essentiellement, enfin le rang qu'occupent dans l'ordre des rapports et dans la distribution méthodique que je me suis formée, les êtres naturels que j'entreprends de vous faire connoître. Vous savez que toutes les productions naturelles que nous pouvons observer, ont été partagées depuis long-temps par les Naturalistes en trois règnes, sous les dénominations de règne animal, règne végétal et règne minéral. Par cette division, les êtres compris dans chacun de ces règnes sont mis en comparaison entr'eux et comme sur une même ligne, quoique les uns aient une origine bien différente de celle des autres. J'ai trouvé plus convenable d'employer une autre division primaire, parce qu'elle est propre à faire mieux connoître en général tous les êtres qui en sont l'objet. Ainsi je distingue toutes les productions naturelles comprises dans les trois règnes que je viens d'énoncer, je les distingue, dis-je, en deux branches principales : 1°. En corps organisés, vivans. 2°. En corps bruts et sans vie. Les êtres ou corps vivans, tels que les animaux et les végétaux, constituent donc la première de ces deux branches des productions de la nature. Ces êtres ont, comme tout le monde sait, la faculté de se nourrir, de se développer, de se reproduire, et sont nécessairement assujettis à la mort. Mais ce qu'on ne sait pas aussi bien, c'est qu'ils composent eux-mêmes leur propre subs­tance par leur résultat de l'action et des facultés de leurs organes ; et ce qu'on sait en­core moins, c'est que par leurs dépouilles, ces êtres donnent lieu à l'existence de toutes les matières composées brutes qu'on observe dans la nature, matières dont les diverses sortes s'y multiplient avec le temps par les altérations et les changemens qu'elles subissent plus ou moins promptement, selon les circonstances, jusqu'à leur entière destruction, c'est­à-dire jusqu'à la séparation complète des principes qui les constituoient. Dans une vaste étendue de pays, comme dans les déserts de l’Afrique, où le sol, depuis bien des siècles, se trouve à nu sans végétaux ni animaux quelconques, en vain y chercheroit-on autre chose que des matières presque purement vitreuses : le règne minéral s'y trouve réduit à bien peu de chose. Le contraire a lieu dans tout pays couvert depuis long-temps de végétaux abondans et d'animaux divers : le sol y offre à l'extérieur une terre végétale ou végéto-animale, épaisse, succulente, fertile, recouvrant çà et là des matières minérales presque de toutes les sortes, tantôt salines, bitumineuses, sulfureuses, pyriteuses, tantôt pierreuses, &c.&c.&c. J'ai développé les preuves de ces faits importans dans un ouvrage que j'ai publié sous le titre de Mémoires de Physique et d'Histoire Naturelle. (Voyez le 7° mémoire) . Ce sont ces diverses matières brutes et sans vie, soit solides ou liquides, soit simples ou composées ; ce sont, dis-je, ces diverses matières brutes qui constituent la deuxième branche des productions de la nature, qui forment la masse principale de notre globe, et qui la plupart sont connues sous le nom de minéraux. Elles se régissent par des loix à-peu-prés connues, et qui sont très-différentes de celles auxquelles les corps vivans sont assujettis. On peut dire qu'il se trouve entre les matières brutes et les corps vivans un hiatus immense qui ne permet pas de ranger sur une même ligne ces deux sortes de corps, et qui fait sentir que l’origine des uns est bien différente de celle des autres. Parmi les êtres vivans, c'est-à-dire parmi ceux qui constituent la première branche des productions de la nature, les végétaux privés de la sensibilité, du mouvement volontaire et des organes de la digestion, sont fortement distingués des animaux qui tous sont munis de ces facultés et de ces organes. Les végétaux, comme vous le savez, sont l'objet de cette belle et importante partie de l’Histoire Naturelle qu'on nomme Botanique. De même, parmi les êtres vivans, les animaux doués de la sensibilité, de la faculté de mouvoir volontairement leur corps ou seulement certaines de ses parties, et tous munis d'organes digestifs, appartiennent à cette grande et intéressante partie de l’Histoire Naturelle qu'on appelle Zoologie. Or, comme les êtres nombreux dont je dois vous entretenir, et que je me propose d'examiner avec vous pendant la durée de ce Cours, font partie de la Zoologie, il convient de nous arrêter un instant pour considérer les animaux en général, pour contempler l'ensemble de ces êtres admirables, enfin pour remarquer non-seulement l'excellence de leurs facultés, leur prééminence sur tous les autres êtres vivans, mais encore pour reconnoître la gradation singulière et bien étonnante qu'offre leur ensemble dans la composition ou la complication de leur organisation, dans le nombre et l'étendue de leurs facultés, en un mot dans la facilité, la promptitude et le nombre des moyens de leur multiplication. Depuis plusieurs années je fais remarquer dans mes Leçons au Muséum, que la considération de la présence ou de l'absence d'une colonne vertébrale dans le corps des animaux, partage tout le règne animal en deux grandes coupes très-distinguées l'une de l'autre, et que l'on peut en quelque sorte considérer comme deux grandes familles du premier ordre. Je crois être le premier qui ait établi cette distinction importante, à laquelle il paroît qu'aucun Naturaliste n'avoit pensé. Elle est maintenant adoptée par plusieurs qui l'introduisent dans leurs ouvrages ainsi que quelques autres de mes observations, sans en indiquer la source. Tous les animaux connus peuvent donc être distingués d'une manière remarquable. 1°. En animaux à vertèbres. 2°. En animaux sans vertèbres. Les animaux à vertèbres ont tous en effet dans leur intérieur une colonne vertébrale presque toujours osseuse, qui affermit leur corps, fait la base du squelette dont ils sont munis, et les rend difficilement contractiles. Cette colonne vertébrale porte la tête de l’animal à son extrémité antérieure, des côtes pectorales sur les côtés, et fournit dans sa longueur un canal dans lequel le cordon pulpeux qu'on nomme moelle épinière, et qu'on peut regarder comme une multitude de nerfs encore réunis, se trouve renfermé. Les animaux qui ont cette colonne vertébrale se distinguent en outre par la couleur rouge de leur sang, ou plutôt par la présence, dans les principaux vaisseaux de leur corps, d'un fluide rouge qu'on nomme sang, et qui est composé de trois parties distinctes intimement mêlées ensemble. Ils n'ont jamais plus de quatre pattes ; beaucoup d'entr'eux n'en ont point du tout. On observe dans les animaux à vertèbres, comme dans les autres, une diminution graduelle dans la composition de l'organisation et dans le nombre de leurs facultés. Les animaux dont il s'agit sont moins nombreux que les autres dans la nature, et tous sont compris dans les quatre premières classes du règne animal, lesquelles offrent : [Tableau des animaux sans vertébrés : non reproduit ici] Ces animaux à vertèbres sont les plus parfaits, ont l'organisation plus compliquée, jouissent de facultés plus nombreuses, et sont en général mieux connus que les animaux sans vertèbres. Les animaux que comprend la seconde branche du règne animal, la seconde des deux grandes familles qui composent ce règne, ceux enfin que je nomme animaux sans vertèbres et que nous nous proposons d'examiner plus particulièrement, sont fortement distingués des premiers, en ce qu'en effet ils sont dépourvus de colonne vertébrale soutenant la tête et faisant la base d'un squelette articulé. Aussi leur corps est-il mollasse, éminemment contractile ; et parmi ces animaux ceux dont le corps reçoit quelqu'affermissement, c'est presqu'uniquement à la consistance de ses tégumens ou à celle de ses enveloppes extérieures qu'ils en sont redevables. Si dans certains de ces animaux l'on trouve des parties dures dans leur intérieur, jamais ces parties ne forment la base d'un véritable squelette, et ne fournissent de gaine à une moelle épinière. On ne sauroit donc comparer convenablement ces parties dures à une colonne vertébrale, comme on a essayé de le faire. Parmi les animaux sans vertèbres ceux qui ont des pattes en ont au moins six, et il y en a qui en ont beaucoup davantage. Les animaux sans vertèbres n'ont pas de véritable sang, c'est-à-dire n'ont pas en propre ce fluide mixte constamment rouge, composé de trois parties distinctes, qui se forme et existe essentiellement dans les principaux vaisseaux des animaux à vertèbres. Mais, à sa place, les animaux sans vertèbres ont une sanie blanchâtre, rarement colorée en rouge, et qui paroît n'être qu'un fluide alimentaire plus ou moins modifié par l’action des organes. sante de l'Histoire Naturelle. Apparemment que la petitesse en général des animaux qui en sont l'objet, et que sur-tout le nombre prodigieux qu'on en voit dans la nature, ont donné lieu à cette espèce de mépris ou au moins d'indifférence qu'on a trop communément pour ces sortes d'animaux. On ne sauroit nier cependant que les animaux dont il s'agit méritent à tous égards de fixer l'attention des Naturalistes, et de faire, comme les autres productions de la nature, l'objet essentiel de leurs recherches. Je dis plus, en mettant à part l'intérêt que nous avons de les connoitre, soit pour nous servir de ceux ou des productions de ceux qui peuvent nous être utiles, soit pour nous garantir de ceux qui nous nuisent ou nous incommodent, ce dont je tâcherai tout-à-l'heure de vous convaincre ; la science sous un autre point de vue peut encore gagner infiniment dans la connoissance de ces singuliers animaux, car ils nous montrent encore mieux que les autres cette étonnante dégradation dans la composition de l'organisation, et cette diminution progressive des facultés animales qui doit si fort intéresser le Naturaliste philosophe ; enfin ils nous conduisent insensiblement au terme inconcevable de l'animalisation, c'est-à-dire à celui où sont placés les animaux les plus imparfaits, les plus simplement organisés, ceux en un mot qu'on soupçonne à peine doués de l'animalité, ceux peut-être par lesquels la nature a commencé, lorsqu'à l'aide de beaucoup de temps et des circonstances favorables, elle a formé tous les autres. Si l'on considère la diversité des formes, des masses, des grandeurs et des caractères que la nature a donnée à ses productions, la variété des organes et des facultés dont elle a enrichi les êtres qu'elle a doués de la vie, on ne peut s'empêcher d'admirer les ressources infinies dont elle sait faire usage pour arriver à son but. Car il semble en quelque sorte que tout ce qu'il est possible d'imaginer ait effectivement lieu ; que toutes les formes, toutes les facultés et tous les modes aient été épuisés dans la formation et la composition de cette immense quantité de productions naturelles qui existent. Mais si l'on examine avec attention les moyens qu'elle paroît employer pour cet objet, l'on sentira que leur puissance et leur fécondité a suffi pour produire tous les effets observés. Il paroît comme je l'ai déjà dit, que du temps et des circonstances favorables sont les deux principaux moyens que la nature emploie pour donner l'existence à toutes ses productions. On sait que le temps n'a point de limite pour elle, et qu'en conséquence elle l’a toujours à sa disposition. Quant aux circonstances dont elle a eu besoin et dont elle se sert encore chaque jour pour varier ses productions, on peut dire qu'elles sont en quelque sorte inépuisables. Les principales naissent de l'influence des climats, des variations de température de l'atmosphère et de tous les milieux environnans, de la diversité des lieux, de celle des habitudes, des mouvemens, des actions, enfin de celle des moyens de vivre, de se conserver, se défendre, se multiplier, &c. &c. Or par suite de ces influences diverses, les facultés s'étendent et se fortifient par l'usage, se diversifient par les nouvelles habitudes long-temps conservées ; et insensiblement la conformation, la consistance, en un mot la nature et l'état des parties ainsi que des organes, participent des suites de toutes ces influences, se conservent et se propagent par la génération. L'oiseau que le besoin attire sur l'eau pour y trouver la proie qui le fait vivre, écarte les doigts de ses pieds lorsqu'il veut frapper l'eau et se mouvoir à sa surface. La peau qui unit ces doigts à leur base, contracte par-là l'habitude de s'étendre. Ainsi avec le temps, les larges membranes qui unissent les doigts des canards, des oies, &c. se sont formées telles que nous le voyons. Mais celui que la manière de vivre habitue à se poser sur les arbres, a nécessairement à la fin les doigts des pieds étendus et conformés d'une autre manière. Ses ongles s'alongent, s'aiguisent et se courbent en crochet pour embrasser les rameaux sur lesquels il se repose si souvent. De même l'on sent que l'oiseau de rivage, qui ne se plait point à nager, et qui cependant a besoin de s'approcher des eaux pour y trouver sa proie, sera continuellement exposé à s'enfoncer dans la vase : or, voulant faire en sorte que son corps ne plonge pas dans le liquide, il fera contracter à ses pieds l'habitude de s'étendre et de s'alonger. Il en résultera pour les générations de ces oiseaux qui continueront de vivre de cette manière, que les individus se trouveront élevés comme sur des échasses, sur de longues pattes nues ; c'est-à-dire dénuées de plumes jusqu'aux cuisses et souvent au-delà. Je pourrois ici passer en revue toutes les classes, tous les ordres, tous les genres et les espèces des animaux qui existent, et faire voir que la conformation des individus et de leurs parties, que leurs organes, leurs facultés, &c. &c. sont entièrement le résultat des circonstances dans lesquelles la race de chaque espèce s'est trouvée assujettie par la nature. Je pourrois prouver que ce n'est point la forme soit du corps, soit de ses parties, qui donne lieu aux habitudes, à la manière de vivre des animaux ; mais que ce sont au contraire les habitudes, la manière de vivre et toutes les circonstances influentes qui ont avec le temps constitué la forme du corps et des parties des animaux. Avec de nouvelles formes, de nouvelles facultés ont été acquises, et peu à peu la nature est parvenue à l’état où nous la voyons actuellement. Il convient donc de donner la plus grande attention à cette considération importante ; d'autant plus que l’ordre que je viens simplement d'indiquer dans le règne animal, montrant évidemment une diminution graduée dans la composition de l’organisation ainsi que dans le nombre des facultés animales, fait pressentir la marche qu'a tenue la nature dans la formation de tous les êtres vivans. Ainsi les animaux à vertèbres, et parmi eux les mammaux, présentent un maximum dans le nombre et dans la réunion des principales facultés de l’animalité ; tandis que les animaux sans vertèbres, et sur-tout ceux de la dernière classe (les polypes) en offrent, comme vous le verrez, le minimum. En effet, en considérant d'abord l'organisation animale la plus simple, pour s'élever ensuite graduellement jusqu'à celle qui est la plus composée, comme depuis la monade qui, pour ainsi dire, n'est qu'un point animé, jusqu'aux animaux à mamelles, et parmi eux jusqu'à l'homme, il y a évidemment une gradation nuancée dans la composition de l'organisation de tous les animaux et dans la nature de ses résultats, qu'on ne sauroit trop admirer et qu'on doit s'efforcer d'étudier, de déterminer et de bien connoître. De même, parmi les végétaux, depuis les byssus pulvérulens, depuis la simple moisissure (1) jusqu'à la plante dont l'organisation est la plus composée, la plus féconde en organes de tout genre, il y a évidemment une gradation nuancée en quelque sorte analogue à celle qu'on remarque dans les animaux. Par cette gradation nuancée dans la (1) Telle peut-être que le mucor viridescens qui semble être le minimum de la végétabilité. complication de l'organisation, je n'entends point parler de l'existence d'une série linéaire, régulière dans les intervalles des espèces et des genres : une pareille série n'existe pas ; mais je parle d'une série presque régulièrement graduée dans les masses principales, telles que les grandes familles ; série bien assurément existante, soit parmi les animaux, soit parmi les végétaux ; mais qui dans la considération des genres et sur-tout des espèces, forme en beaucoup d'endroits des ramifications latérales, dont les extrémités offrent des points véritablement isolés (1). (1) Plusieurs Naturalistes s'étant apperçus de l'isolation plus ou moins remarquable de beaucoup d'espèces, de certains genres et même de quelques petites familles, se sont imaginé que les êtres vivans, dans l'un ou l'autre règne, s'avoisinoient ou s'éloignoient entr'eux relativement à leurs rapports naturels, dans une disposition semblable aux différens points d'une carte de Géographie ou d'une Mappemonde. Ils regardent les petites séries bien prononcées, qu'on a nommées familles naturelles, comme devant être disposées entr'elles en manière de réticulation, selon l'ordre qu'ils attribuent à la nature. Cette idée qui a paru sublime à quelques modernes qui avoient mal étudié la nature, est une erreur qui, sans doute, se dissipera dès qu'on aura des connaissances plus profondes et plus générales de l'organisation des corps vivans. S'il existe parmi les êtres vivans une série graduée au moins dans les masses principales, relativement à la complication ou à la simplification de l'organisation, il est évident que dans une distribution bien naturelle, soit des animaux, soit des végétaux, on doit nécessairement placer aux deux extrémités de l'ordre les êtres les plus dissemblables, les plus éloignés sous la considération des rapports, et par conséquent ceux qui forment les termes extrêmes que l'organisation, soit animale, soit végétale, peut présenter. Toute distribution qui s'éloigne de ce principe me paroit fautive ; car elle ne peut pas être conforme à la marche de la nature. Cette considération importante nous mettra donc dans le cas de mieux connoître la nature des êtres dont nous devons nous occuper dans ce Cours ; de juger plus justement de leurs rapports avec les autres êtres qui existent ; enfin de déterminer plus convenablement le rang que chacun d'eux doit occuper dans la série générale des êtres vivans et particulièrement dans celle des animaux connus. Vous verrez que les polypes qui forment la dernière classe des animaux sans vertèbres et par conséquent de tout le règne animal, et que ceux sur-tout que comprend le dernier ordre de cette classe, n'offrent en quelque sorte que des ébauches de l'animalité ; enfin vous serez convaincus que les polypes sont à l'égard des autres animaux, ce que les plantes cryptogames sont aux végétaux des autres classes. Cette gradation soutenue dans la simplification ou dans la complication d'organisation des êtres vivans, est un fait incontestable sur lequel j'insiste, parce que sa connoissance jette actuellement le plus grand jour sur l'ordre naturel des êtres vivans, et en même temps soutient et guide la pensée qui les embrasse tous par l'imagination ou qui les fixe dans leur véritable point de vue, en les considérant chacun en particulier. A cette vue extrêmement intéressante, il faut ajouter celle qui nous apprend qu'à mesure que l'organisation animale se complique, c'est-à-dire devient plus composée, à mesure, de même, les facultés animales se multiplient et deviennent plus nombreuses, ce qui en est un résultat simple et naturel. Mais aussi en se multipliant, les facultés animales perdent en quelque sorte de leur étendue, c'est-à-dire que dans les animaux qui ont le plus de facultés, celles de ces facultés qui sont communes à tous les animaux y ont bien moins d'étendue et de capacité qu'elles n'en ont dans les animaux à organisation plus simple. Voilà ce que l'observation nous apprend et ce qu'il était important de remarquer. Ainsi la faculté de se régénérer se rencontrant dans tous les animaux, quelle que soit la simplification ou la complication de leur organisation, leurs moyens de multiplication sont d'autant plus nombreux et plus faciles, que les animaux ont une organisation plus simple, et vice versa (réciproquement). Dans les insectes, et bien plus encore dans les vers proprement dits, et sur-tout dans les polypes, les facultés de l’animalité sont à la vérité moins nombreuses que dans les animaux des premières classes qui sont les plus parfaits ; mais elles y sont bien plus étendues : car l'irritabilité y est plus grande, plus durable ; la faculté de régénérer les parties plus facile, et celle de multiplier les individus bien plus considérable. Aussi la place que les animaux sans vertèbres tiennent dans la nature est-elle immense et de beaucoup supérieure à celle de tous les autres animaux réunis. On ne sait quel est le terme de l'échelle animale vers l'extrémité qui comprend les animaux les plus simplement organisés. On ignore aussi nécessairement le terme de la petitesse de ces animaux : mais on peut assurer que plus on descend vers cette extrémité de l'échelle animale, plus le nombre des individus de chaque espèce est immense, parce que leur régénération est proportionnellement plus prompte et plus facile. Aussi le nombre de ces animaux est inappréciable, et n'a d'autre borne que celle que la nature y met par les temps, les lieux et les circonstances (1). Cette facilité, cette abondance, enfin cette promptitude avec laquelle la nature produit, multiplie et propage les animaux les plus simplement organisés, se fait singulièrement remarquer dans les temps et dans tous les lieux qui y sont favorables. La terre en effet, particulièrement vers sa surface, les eaux et même l'atmosphère dans certains temps et dans certains climats, sont peuplées en quelque sorte de molécules animées, dont l'organisation, quelque simple qu'elle soit, suffit pour leur existence. Ces animalcules se reproduisent et se multiplient, sur-tout dans les temps et les climats chauds, avec une (1) Quel point de vue pour juger de la nature ! elle n'a sûrement pas dans ses productions procédé du plus composé au plus simple. Qu'on juge donc de ce qu'avec le temps et les circonstances elle a pu opérer. fécondité effrayante, fécondité qui est bien plus considérable que celle des gros animaux dont l'organisation est plus compliquée. Il semble, pour ainsi dire, que la matière alors s'animalise de toutes parts, tant les résultats de cette étonnante fécondité sont rapides. Aussi sans l'immense consommation qui se fait dans la nature des animaux qui composent les derniers ordres du règne animal, ces animaux accableroient bientôt et peut-être anéantiroient par les suites de leur énorme multiplicité, les animaux plus organisés et plus parfaits qui composent les premières classes et les premiers ordres de ce règne, tant la différence dans les moyens et la facilité de se multiplier est grande entre les uns et les autres. Mais la nature a prévenu les dangereux effets de cette faculté si étendue de produire et de multiplier. Elle les a prévenus d'une part, en bornant considérablement la durée de la vie de ces êtres si simplement organisés qui composent les dernières classes, et surtout les derniers ordres du règne animal. De l'autre part elle les a prévenus, soit en rendant ces animaux la proie les uns des autres, ce qui sans cesse en réduit le nombre, soit enfin en fixant par la diversité des climats les lieux où ils peuvent exister, et par la variété des saisons, c'est-à-dire par les influences des différens météores atmosphériques ; les temps même pendant lesquels ils peuvent conserver leur existence. Au moyen de ces sages précautions de la nature, tout reste dans l'ordre. Les individus se multiplient, se propagent, se consument de différentes manières ; aucune espèce ne prédomine au point d'entraîner la ruine d'une autre, excepté peut-être dans les premières classes, où la multiplication des individus est lente et difficile ; et par les suites de cet état de choses, l'on conçoit qu'en général les espèces sont conservées. Il résulte néanmoins de cette fécondité de la nature qui s'accroît dans les êtres vivans avec la simplification de leur organisation, que les animaux sans vertèbres doivent présenter et présentent réellement la série d'animaux la plus nombreuse de celles qui existent dans la nature, quoique les animaux qui la composent soient en même temps les moins vivaces. Ce qu'il y a encore de bien remarquable, c'est que parmi les changemens que les animaux et les végétaux opèrent sans cesse par leurs productions et leurs débris, dans l'état et la nature de la surface du globe terrestre, ce ne sont pas les plus grands animaux, les plus parfaits en organisation, qui forment les plus considérables de ces changemens. J'ai essayé de prouver dans mes Mémoires de physique et d'Histoire Naturelle (p. 342, no. 490.), que la matière calcaire, si abondante à la surface du globe, est réellement le produit des animaux qui l’ont formée. Mais quel doit être notre étonnement, en apprenant que la plus grande quantité de la matière calcaire qui existe, que celle enfin qui constitue ces nombreuses chaînes de montagnes calcaires et ces bancs énormes de craie qu'on observe dans toutes les contrées de la terre, n'est due qu'en très-petite partie aux animaux à coquilles, mais qu'elle est principalement le résultat de la craie formée par les polypes à polypiers, c'est-à-dire par les animaux des madrépores, des millepores, &c. qui sont presque les plus imparfaits et les plus petits des animaux ? Quoique ces animaux soient si petits, si simplement organisés, enfin si délicats et si peu vivaces, leur faculté régénérative est si étendue que leur énorme multiplicité surpasse de beaucoup dans ses effets, ce qu'un plus grand volume et une vie plus durable dans les autres sont capables de produire. En sorte qu'on peut dire qu'ici ce que la nature n'obtient pas en quantité par chaque individu, elle l'obtient amplement par le nombre des animaux dont il s'agit, par l'énorme fécondité de ces mêmes animaux, par l’admirable faculté qu'ils ont de se régénérer promptement, et de multiplier en peu de temps leurs générations rapidement accumulées, enfin par la réunion des produits de ces nombreux animalcules. C'est un fait maintenant bien constaté que les polypes coralligènes, c'est-à-dire que cette grande famille d'animaux à polypiers, tels que ceux des madrépores, des millepores, des astroïtes, des méandrites, &c. préparent en grand dans le sein de la mer, par une excrétion continuelle de leur corps et par une suite de leur nombre étonnant ainsi que de leurs générations accumulées, la plus grande partie de la matière calcaire qui existe. Les polypiers nombreux que ces animaux produisent, et dont ils augmentent perpétuellement le volume et la quantité, forment en certains endroits des îles d'une étendue considérable, comblent des baies, des golfes et les rades les plus vastes, en un mot bouchent des ports et changent entièrement l'état des côtes. Ces bancs énormes de madrépores, millepores, &c. cumulés les uns sur les autres, recouverts et ensuite entremêlés de serpules, d'huîtres, de balanites et de différens autres coquillages, forment des montagnes irrégulières et sous-marines d'une étendue presque sans borne. La belle considération dont je viens de parler nous porte donc à examiner parmi les êtres vivans, les facultés remarquables de ceux que la nature a doués de l'animalité. Et déjà elle nous a appris, comme je l'ai dit tout-à-l'heure, qu'à mesure que dans les animaux l'organisation se simplifie, les facultés de l'animalité deviennent à la vérité moins nombreuses, mais aussi acquièrent en général bien plus d'étendue. Les métamorphoses singulières des insectes ; la régénération de la tête dans les limaçons, des pattes dans les crustacés, des branches ou rayons des astéries, de toutes les tentacules des actinies, après que ces parties ont été coupées ; la multiplication de certains vers opérée par la section sur un seul individu ; celle des hydres ou polypes d'eau douce, qui se fait comme par cayeux ; la faculté qu'ont les polypes coralligènes ou zoophytes, en se multipliant par un bourgeonnement perpétuel qui ramifie leur polypier, de former des tiges semblables par leur aspect et leur port à celles des végétaux ; enfin les divers modes de propagation et de multiplication de tous ces animaux, et sur-tout des polypes amorphes ou microscopiques, sont des phénomènes qu'on n'observe pas dans toute l'étendue du règne animal ; mais dont les animaux sans vertèbres, qui sont plus simplement organisés que les autres, fournissent cependant des exemples. Si nous nous rapprochons du terme où l'animalité semble recevoir l'existence, où se trouvent en un mot les premières et les plus simples ébauches de l'organisation, nous sentirons que dans une simplification si grande d'organisation, la génération par des organes appropriés ne peut pas encore avoir lieu. Aussi l'observation nous apprend-elle que dans les animaux dont l'organisation est très-simple, comme dans les polypes, on ne connoît aucun organe propre à la génération. Ces animaux paroissent entièrement dépourvus de sexe : les plus organisés d'entr'eux se multiplient par un bourgeonnement qui en général ramifie leur corps ou le polypier qu'ils forment et qu'ils habitent. Mais les plus imparfaits de ces animaux, c'est-à-dire ceux qui ont l'organisation la plus simple et en quelque sorte la plus problématique, se multiplient par une scission particulière qui s'opère petit à petit sur la largeur ou sur la longueur du corps gélatineux de ces très-petits animaux. Ainsi la génération, dans les animaux les moins organisés, se réduit à une séparation d'une portion du corps de l'animal qui s'en détache par une scission naturelle. Dans des animaux d'un degré supérieur, la portion du corps qui se sépare se trouve plus petite, isolée, et présente d'avance, en raccourci, un corps semblable à celui d'où il prend naissance. Ce mode conduit insensiblement à l'isolation d'un lieu particulier dans le corps de l'animal, où doit s'opérer des séparations d'espèce de bourgeons intérieurs que la nature transforme petit à petit en œufs, comme à la fin elle transforme ceux-ci en placenta organisés. Ce même mode donne donc origine aux organes propres à la génération, et bientôt après la distinction des sexes commence à s'établir. Voilà au moins ce que l'observation paroît attester. Je ne poursuivrai pas plus loin maintenant l'examen de ces considérations intéressantes ; je dirai seulement que les merveilles que nous offrent la plupart des animaux sans vertèbres, soit par les particularités remarquables de leur organisation, soit par leurs productions, soit encore par leurs mœurs, leurs habitudes et leurs divers modes de propagation ; que ces merveilles, dis-je, ne sont pas les seules considérations qui doivent nous porter à étudier ces singuliers animaux ; je peux faire voir que l'homme a en outre le plus grand intérêt de les connoitre pour sa propre utilité. En effet, on sait que beaucoup de mollusques, d'insectes, de vers, &c. présentent pour la médecine, les arts, le commerce et l'économie domestique, des objets d'utilité sans nombre, souvent même de la plus grande importance. Ainsi le ver à soie, la cochenille du Mexique, celle de Pologne, le kermès, l'abeille, les cynips, qui produisent les noix de galle, les cochenilles, productrices de la gomme-lacque, les sang-sues, les huîtres, les écrevisses, &c. &c. prouvent déjà que les animaux sans vertèbres fournissent aussi à nos arts et à nos besoins, comme les autres branches de l'Histoire Naturelle, et qu'ils méritent d'être étudiés et connus. Mais on peut faire voir encore qu'outre l'utilité considérable que l'homme peut retirer d'un grand nombre de ces animaux ou de leurs productions, il a le plus grand intérêt de chercher à les bien connoître pour se mettre à l'abri du mal qu'ils font pour la plupart, et des dégâts qu'ils peuvent occasionner. Les végétaux, les animaux, l'homme même n'en sont point épargnés. Un grand nombre d'insectes divers rongent les végétaux vivans dans toutes leurs parties ; piquent, sucent et dévorent les autres animaux vivans, soit en se fixant sur leur corps, soit en s'introduisant dans leur intérieur ; détruisent les productions animales et végétales, préparées et conservées pour notre utilité ; telles que les pelleteries, les collections d'Histoire Naturelle, &c. Enfin la plupart des vers proprement dits, habitent dans le corps des animaux vivans et dans celui de l'homme même, s'y multiplient considérablement et en consomment la substance, en sorte que l'on peut dire que les maux, les torts et les dévastations que tous ces animaux opèrent, sont souvent incalculables. On conçoit donc que plusieurs mollusques, qu'un grand nombre d'insectes, que la plupart des vers et bien d'autres animaux sans vertèbres étant en général très-malfaisans, l'homme a le plus grand intérêt de les étudier et de chercher à les connoître, afin de trouver les moyens, soit de les détruire, soit de s'en délivrer, ou du moins de se garantir des maux qu'ils lui peuvent occasionner et de leurs ravages. L'homme en effet peut, par son industrie, diminuer beaucoup la somme des maux que ces animaux peuvent lui causer. Or, pour cela, il est évident que c'est en étudiant bien ces sortes d'animaux, en cherchant à connoître les lieux qu'ils habitent, les époques de leurs développemens, leur manière de vivre, &c. qu'il peut espérer de réussir à empêcher et les excès de leur multiplication, au moins autour de lui, et celui des torts qu'ils peuvent causer. V. Oliv. Journal d'Hist. Nat. n°. 1 et 2. Ainsi l'on sent que plusieurs considérations puissantes doivent nous porter à étudier les animaux sans vertèbres, et à les connoître aussi particulièrement que les autres ; et qu'elles prouvent que cette étude, d'ailleurs amusante et très-curieuse, n'est pas pour nous d'un moindre intérêt que celle des autres parties de l'Histoire Naturelle. Le grand intérêt que présentent ces belles considérations vous étant sans doute maintenant suffisamment connu, je passe à la distribution méthodique, c'est-à-dire à la classification des animaux dont j'ai à vous entretenir. Le célèbre Linné, et presque tous les Naturalistes jusqu'à présent ont, comme je vous l'ai déjà dit, divisé toute la série des animaux sans vertèbres en deux classes seulement ; savoir : En insectes et en vers. En sorte que tout ce qui n'étoit pas regardé comme insecte, étoit sans exception rapporté à la classe des vers. Ils plaçoient la classe des insectes après celle des poissons, et celle des vers après les insectes. Les vers formoient donc, d'après cette distribution, la dernière classe du règne animal. Mais les observations anatomiques connues sur l’organisation de ces animaux, et sur-tout celles qui ont été faites depuis peu d'années, ne permettent plus de conserver cette division des animaux sans vertèbres, en insectes et en vers. Il est maintenant reconnu que beaucoup de ces animaux, comme les mollusques que Linné avoit rangés parmi les vers, sont mieux ou moins simplement organises que les insectes, et qu'en conséquence ils doivent être placés avant eux, c'est-à-dire immédiatement après les poissons. Tandis que d'autres animaux sans vertèbres, d'une organisation plus simple encore que celle des insectes et même des vers, doivent ètre placés après eux ; en sorte que ceux qui ont l'organisation la plus simple doivent réellement terminer le règne animal. Il étoit donc nécessaire de ne plus avoir égard à la division établie par Linné, et il falloit ou réunir tous ces animaux en une seule classe, ou les partager en un certain nombre de coupes bien tranchées et distinctes. Je me suis continuellement occupé de cette utile réforme depuis que je suis attaché à cet établissement ; et quoique les progrès de mes recherches m'aient fait successivement opérer divers changemens dans les résultats de mon travail à cet égard, je crois maintenant pouvoir fixer définitivement la classification des animaux sans vertèbres, et devoir les caractériser de la manière suivante. DÉFINITION Ainsi les animaux sans vertèbres sont ceux qui sont dépourvus de colonne vertébrale, et par conséquent de squelette articulé ; qui manquent de véritable sang, n'ayant à la place qu'une sanie ordinairement blanchâtre qui semble n'être qu'une espèce de lymphe ; enfin qui ont le corps mollasse et éminemment contractile. Ce sont aussi ceux, comme je l'ai déjà dit, en qui les facultés de régénérer leurs parties et de se multiplier par la génération ont le plus d'étendue. Ils composent la branche du règne animal non-seulement la plus nombreuse en espèces déjà connues, mais même celle dont le terme extrême ne sera sans doute jamais déterminé, à cause de la petitesse infinie des espèces qui avoisinent ce terme, et de la grossièreté de nos sens qui s'oppose à ce que nous puissions parvenir à les appercevoir. Division des animaux sans vertèbres. Je divise les animaux sans vertèbres, comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-joint, en sept classes et en vingt ordres, dont je dois faire successivement l'exposition. Les caractères de ces classes sont empruntés de la considération de l'organisation même des animaux qu'elles comprennent, et particulièrement de celle des trois sortes d'organes les plus essentiels à la vie des animaux ; savoir, 1°. des organes de la respiration, 2°. de ceux qui servent à la circulation ou au mouvement des fluides, 3°. enfin de ceux qui constituent le sentiment. Ces considérations vraiment essentielles rapprochent les uns des autres les animaux qui ont de véritables rapports, et écartent nécessairement ceux qui n'en ont pas. Elles établissent d'ailleurs la progression la plus exacte dans la diminution de la composition de l'organisation : diminution évidemment croissante d'une extrémité à l'autre dans la série des animaux sans vertèbres, comme elle l'est aussi dans celle des animaux à vertèbres ; en sorte que dans les animaux de la septième et dernière classe, les organes de la respiration, ceux de la circulation, et enfin ceux du sentiment, ne sont plus du tout perceptibles, et paroissent même ne point exister. CLASSIFICATION Les sept classes que j'ai établies parmi les animaux sans vertèbres, sont : 1°. Les mollusques. 2°. Les crustacés. 3°. Les arachnides. 4°. Les insectes. 5°. Les vers. 6°. Les radiaires. 7°. Les polypes. Ces sept classes ajoutées aux quatre qui partagent les animaux à vertèbres, forment, pour la division de tout le règne animal, onze classes distinctes, bien tranchées, et toutes disposées dans un ordre relatif à la simplification progressivement croissante de l'organisation des animaux qu'elles embrassent. La classification que je viens d'indiquer, me paroît celle qu'on doit indispensablement établir parmi les animaux sans vertèbres. On ne peut sans inconvénient ajouter ni retrancher une seule classe aux sept que je viens de proposer ; et sur-tout on ne peut déranger l'ordre des rapports établis par la nature elle-même, clairement indiqué par l'observation de l'organisation, et que je crois parfaitement conservé dans l'ordre même des sept classes dont il s'agit. Les Mollusques, quoique d'un degré plus bas que les poissons, puisqu'ils n'ont plus de colonne vertébrale et par conséquent de squelette articulé, et qu'ils manquent de véritable sang, sont néanmoins les mieux organisés des animaux sans vertèbres. Ils respirent par des branchies comme les poissons, et ont tous un cerveau et des nerfs, un ou plusieurs cœurs musculaires, et un système complet de circulation. La classe des crustacés, c'est-à-dire la deuxième classe des animaux sans vertèbres, celle enfin qui comprend des animaux qu'on avoit jusqu'à présent confondus avec les insectes, parce qu'ils ont comme les insectes des pattes et des antennes articulées ; cette classe, dis-je, doit suivre immédiatement celle des mollusques, et il n'est plus permis de confondre les animaux qu'elle comprend avec ceux qui méritent réellement le nom d'insectes. En effet, quelque grands que soient les rapports des crustacés avec les insectes, ils en ont de plus grands encore avec les arachnides, et ils sont essentiellement distingués des uns et des autres, en ce qu'ils respirent tous par des branchies comme les mollusques, qu'ils n'ont jamais de stigmates ni de trachées aérifères, et qu'ils sont munis d'un cœur musculaire pour la circulation de leurs fluides. Les Arachnides, quoique plus voisins des insectes que les crustacés, n'en doivent pas moins être distingués des insectes, et former une classe particulière ; car les animaux de cette classe ne subissent point de métamorphose, et ils ont dès les premiers développemens des pattes articulées et des yeux à la tête. Néanmoins comme les arachnides ont avec les crustacés des rapports assez nombreux, on doit nécessairement les placer entre les crustacés et les insectes. Il n'y a point d'arbitraire à cet égard. Après les arachnides vient immédiatement et nécessairement la classe des insectes, c'est-à-dire cette immense série d'animaux qui subissent des métamorphoses, qui ont tous dans l'état parfait, six pattes articulées, des antennes et des yeux à la tête, des stigmates et des trachées aérifères pour la respiration. Ces animaux infiniment curieux par les particularités relatives à leur organisation, à leurs métamorphoses et à leurs singulières habitudes, ont une organisation moins composée que celle des mollusques et même que celle des crustacés. En effet, dans les insectes on ne retrouve plus de cœur musculaire, mais seulement un vaisseau dorsal, ayant de légers étranglemens alternativement contractiles, et qui ne paroît pas se terminer en ramifications. La respiration qui, dans les mammaux, les oiseaux et les reptiles, s'opère par des poumons, et qui ensuite s'effectue simplement par des branchies dans les poissons, les mollusques et les crustacés, ne s'exécute plus dans les arachnides et dans les insectes que par des trachées, c'est-à-dire par des vaisseaux aériens, ramifiés et distribués par toute l'étendue du corps. Ce n'est que dans les larves aquatiques des insectes qu'on retrouve encore des branchies, parce que l'usage des trachées ne peut convenir à ces animaux. Les Vers constituent la cinquième classe des animaux sans vertèbres. Ils doivent sans doute suivre immédiatement les insectes sous le rapport de la composition de leur organisation, et non les précéder, et encore moins être placés après les mollusques avant les crustacés, comme l'a pensé dernièrement un savant Naturaliste. Comme les insectes, beaucoup de vers ne respirent que par des trachées dont les ouvertures à l’extérieur forment des stigmates. Beaucoup d'autres aussi respirent par des branchies comme les larves des insectes aquatiques. Sous ce rapport et sous celui de leur système nerveux, ils ressemblent aux insectes ; car ils ont comme eux une moelle épinière noueuse. Mais les vers diffèrent essentiellement des insectes en ce qu'ils n'ont jamais de pattes articulées, et en ce qu'aucun d'eux ne subit de véritable métamorphose. Les vers étant dépourvus de cœur musculaire ne sauroient être convenablement placés après les mollusques, avant les crustacés ; cela est déjà si évident que les preuves que j'en donnerai en traitant des animaux de cette classe sont maintenant inutiles. Enfin la forme du corps des vers, beaucoup plus simple que celle du corps des insectes, les repousse nécessairement après ceux-ci ; car le corps de ces animaux paroît formé en totalité par un abdomen alongé sans distinction de corcelet. Le plus souvent on ne leur voit ni tête, ni organe de la vue, &c. &c. Après les vers viennent nécessairement les Radiaires, qui composent la sixième classe des animaux sans vertèbres. Quoique ces animaux soient fort singuliers, et même en général encore peu connus, ce qu'on sait de leur organisation indique évidemment la place que je leur assigne dans la série des animaux sans vertèbres. En effet, l'organe essentiel du sentiment, dont les animaux de toutes les classes précédentes sont doués, et dont on retrouve encore des traces dans les vers, ne se distingue plus chez eux. Il paroît qu'ils n'ont réellement ni moelle longitudinale ni nerfs, et ne sont plus que simplement irritables. On ne leur connoît de même ni cœur ni vaisseaux pour la circulation. Enfin l'organe de la respiration se trouve si obscurément prononcé chez eux, qu'on est réduit à le chercher dans une multitude de tubes absorbans et contractiles qu'on observe dans la plupart de ces animaux, qui introduisent l’eau dans des canaux ramifiés, et la font circuler ou au moins traverser presque tous les points dans leur intérieur. Cependant les radiaires ne forment pas le dernier échelon que l'on puisse assigner dans la série que présente le règne animal. Il faut encore nécessairement les distinguer des polypes, qui constituent pour nous le dernier anneau de cette chaîne intéressante. Dans les radiaires, que j'ai nommés ainsi parce que leurs organes sont en général disposés comme en manière de rayons, non-seulement on apperçoit encore des organes qui paroissent destinés à la respiration, mais on observe encore des viscères autres que le canal intestinal, tels que des ovaires de diverses formes, &c. Enfin la bouche, qui paroît constamment inférieure, offre le plus souvent encore des organes destinés à la manducation. Les Polypes composent la septième et dernière classe des animaux sans vertèbres, et par conséquent du règne animal. Ils présentent enfin le dernier des échelons qu'on a pu remarquer dans ce règne intéressant, et c'est parmi eux que se trouve le terme inconnu de l'échelle animale, en un mot les ébauches de l’animalisation que la nature forme et multiplie avec tant de facilité dans les circonstances favorables ; mais aussi qu'elle détruit si facilement et si promptement par la simple mutation des circonstances propres à leur donner l'existence. Quoique les polypes soient de tous les animaux les moins connus, ce sont sans contredit ceux dont l'organisation est la plus simple, et ceux par conséquent qui ont le moins de facultés. On ne retrouve en eux ni organe du sentiment, ni organe de la respiration, ni organe destiné à la circulation des fluides. Tous leurs viscères se réduisent à un simple canal alimentaire qui, comme un sac plus ou moins alongé, n'a qu'une seule ouverture qui est la bouche et à-la-fois l'anus ; et ce canal alimentaire est apparemment entouré de globules absorbans, contenant des fluides maintenus dans un mouvement quelconque par la succion et la transpiration. Les animalcules qui se trouvent à la fin du dernier ordre des polypes ne sont plus que des points animés, que des corpuscules gélatineux, d'une forme simple, et contractiles dans presque tous les sens. Tel est le précis des caractères des sept classes qu'il convient d'établir parmi les animaux sans vertèbres. Je vous en ferai successivement l'exposition ainsi que celle des genres que ces classes comprennent, en me bornant pour chaque genre aux seuls développemens que le temps nous permettra de donner. Quoique les animaux sans vertèbres semblent d'abord annoncer moins d'intérêt que les autres, vous avez vu cependant qu'ils ne sont pas moins dignes d'exciter votre attention et votre curiosité, et même que toutes sortes de raisons doivent vous porter à les étudier et à les bien connoître. Leur étude d'ailleurs est un champ d'autant plus fertile en découvertes utiles, que nos connoissances en ce genre sont encore très-peu avancées. Dans la distribution des animaux sans vertèbres, les organes de la respiration étant principalement employés comme caractère, il me paroît convenable de présenter ici succinctement la définition des diverses sortes d'organes qui paroissent appartenir à la respiration des animaux. La respiration dans les animaux s'opère par quatre sortes d'organes respiratoires différens ; c'est-à-dire que chaque animal en qui les organes respiratoires sont perceptibles, respire par le moyen de l'une des quatre sortes d'organes suivans ; savoir : Par des poumons. Par des branchies. Par des trachées aériennes. Par des trachées aquifères. Des poumons. Les poumons sont un assemblage de cellules, contenu dans une cavité particulière du corps de l'animal qui en est muni, et auquel aboutissent des tuyaux plus ou moins ramifiés, qu'on nomme bronches. Tous ces tuyaux aboutissent dans un tuyau commun, qui porte le nom de trachée-artère, et qui s'ouvre dans la bouche à la base de la langue. Les cellules et les bronches se remplissent et se vident d'air, alternativement, par les suites du gonflement et de l'affaissement alternatif de la cavité du corps qui les contient. Sur les parois des cellules et des bronches rampent les dernières ramifications des vaisseaux pulmonaires, qui y sont infiniment multipliées et repliées de toutes manières. Sans doute les parois des cellules et des bronches sont remplies de pores, les uns absorbans et les autres exhalans, qui établissent une communication entre l'air qui s'introduit dans les cellules pulmonaires et le sang qui circule dans les vaisseaux du poumon. (Voyez mes Mémoires de Physique et d'Histoire Naturelle, pag. 311.) Tel est l'organe respiratoire des animaux des trois premières classes. Des branchies. Les branchies constituent un organe respiratoire à nu, qui ne présente ni cellules, ni bronches, ni trachée-artère. Les vaisseaux qui, dans les poumons, rampent sur les parois des cellules et des bronches pour y recevoir l'influence de l'air qui s'y introduit par la trachée-artère, rampent à nu dans les branchies sur des feuillets ou des franges, s'y ramifient ou s'y contournent à l'infini pour présenter une grande surface au fluide ambiant, et en recevoir l'influence. Les animaux à branchies sont en général des animaux aquatiques, en sorte que c'est l'eau même qu'ils respirent ; c'est-à-dire que pour eux, l'eau liquide se trouve être le fluide ambiant. Toute leur respiration consiste donc en ce que leurs branchies reçoivent le contact d'une eau continuellement renouvellée. Or, il paroît que cet organe respiratoire a la faculté de séparer de l'eau l'air qu'elle tient en dissolution ou qui est constamment mélangé dans sa masse, et qu'il l'absorbe et l'introduit dans les fluides de l'animal. Il y a sans doute aussi des branchies aériennes, c'est-à-dire des branchies dont les fonctions ne s'exécutent point dans l'eau, mais dans l'air atmosphérique. Celles des limaces et des heliciers en sont un exemple. Les branchies sont l'organe respiratoire essentiel aux poissons, aux mollusques et aux crustacés. Des trachées aériennes. Les trachées aériennes sont en quelque sorte un poumon sans cellules et sans bronches, ainsi que sans limites particulières. Cet organe respiratoire consiste en une multitude de vaisseaux aériens qui se ramifient presqu'à l’infini, et s'étendent dans tout l'intérieur de l'animal et de ses parties ; enfin qui s'ouvrent au-dehors par des trous ou des fentes courtes qu'on nomme stigmates. Dans les animaux qui ont de vrais poumons, l'air s'introduit dans un organe isolé : il y va porter son influence sur le sang qui vient lui-même la chercher dans cet organe. Dans les animaux à trachées aériennes, l'air au contraire s'introduit dans un organe répandu par-tout : il va conséquemment lui-même par-tout chercher les fluides essentiels de l’animal pour leur communiquer son influence. Les trachées aériennes sont l'organe respiratoire des arachnides, des insectes et de beaucoup de vers. Des trachées aquifères. Les trachées aquifères sont aux branchies ce que les trachées aériennes sont aux poumons. Cet organe, qui paroît respiratoire, ne se rencontre que dans des animaux aquatiques dont l’organisation est tellement simple, qu'on ne leur connoît ni moelle longitudinale ni nerfs. Il consiste en un certain nombre de vaisseaux aquifères qui se ramifient et s'étendent dans l’intérieur de l'animal, et qui s'ouvrent au-dehors par une multitude de petits tubes extensibles et contractiles qui absorbent l'eau et en rejettent. Par ce moyen l'eau circule, pour ainsi dire, perpétuellement dans le corps de ces animaux, et porte par-tout l'influence de l'air que sans doute l’organe sait en séparer. Tel est l'organe respiratoire des radiaires, ou au moins de la plupart. Les animaux en qui aucun organe respiratoire n'est perceptible, respirent vraisemblablement par l'absorption de l'air qu'ils séparent de l’eau, au moyen des pores absorbans soit de la surface externe de leurs corps, soit de celle de leur canal alimentaire ; mais ils n'ont sans doute aucun organe spécial pour opérer cette séparation. Tel est le cas de tous les polypes. FIN DU DISCOURS D'OUVERTURE. TABLEAU GÉNÉRAL DES DIVISIONS ET DES GENRES DES ANIMAUX SANS VERTEBRES LES animaux sans vertèbres composent, comme je l’ai déjà dit, la seconde division du règne animal, et sont éminemment distingués de ceux qui appartiennent à la première division, en ce qu’ils n’ont pas de colonne vertébrale et par conséquent pas de squelette, et qu’ils sont dépourvus de véritable sang. Ces animaux sont infiniment nombreux dans la nature. Ils présentent une série qui semble aller en se dégradant relativement à la simplification de plus en plus croissante de l’organisation de ces êtres ; en sorte que ceux qui terminent la série, n’offrent réellement que l’ébauche de l’animalité. Tous ces animaux se multiplient avec une facilité, une abondance et une promptitude qui croissent avec la simplification de leur organisation. Je partage la série de ces animaux en sept classes distinctes, auxquelles je donne les noms suivants : 1°. Les mollusques. 2°. Les crustacés. 3°. Les arachnides. 4°. Les insectes. 5°. Les vers. 6°. Les radières. 7°. Les polypes. Voici pour chacune de ces classes, le caractère qui les distingue, et celui de chacun des genres qui peuvent y être rapportés. CARACTERES GENERAUX Des animaux sans vertèbres, et des sept classes qui partagent leur série. [Tableau intercalé après la page 50 : non reproduit dans cette version] [Tableau des Mollusques intercalé avant la page 51. Partie gauche : mollusques céphalés. Partie droite : mollusques acéphalés] CLASSE PREMIERE. [La 5e du règne animal]. LES MOLLUSQUES CLASSE PREMIÈRE. [ la 5° du règne animal]. LES MOLLUSQUES. Caract. Corps mou, non articulé, muni d'un manteau de forme variable. Organisat. Un cerveau et des nerfs. Des branchies pour la respiration. Un coeur musculeux et un système complet de vaisseaux rameux pour la circulation. La classe des mollusques comprend les plus parfaits des animaux sans vertèbres, ceux qui sont les mieux organisés à tous égards, c'est-à-dire dont l'organisation est la moins simple et approche le plus de celle des poissons. Les animaux dont il s'agit ont un coeur musculaire et un système complet de vaisseaux rameux qui leur procurent la circulation de leurs fluides. Une partie de ces vaisseaux forme un on plusieurs réseaux, ou lacis, ou panaches, exposés à l'influence des fluides ambians, et constitue les branchies qui, comme dans les poissons, servent à la respiration de ces animaux. Les branchies des mollusques aquatiques ont, comme celles des poissons, la faculté de séparer par des pores absorbans, l'air qui se trouve mêlé à l'eau, et de s'en approprier l'influence nécessaire à l'entretien de la vie de ces animaux. La manteau des mollusques est la partie de leur corps la plus apparente à l'extérieur. C'est une membrane plus ou moins épaisse, musculeuse, très-sensible, qui enveloppe plus ou moins le corps de l'animal, et dont la grandeur, la forme et les attaches varient beaucoup selon les genres et même les espèce. Les organes du mouvement progressif des mollusques consistent dans les uns, en un disque musculeux et glutineux sur lequel ils rampent par des mouvemens ondulatoires et qui leur sert de pied. Dans les autres, c'est tantôt un pied musculeux alongé qui sert de filière à l’animal lorsqu'il veut s'attacher sur des corps marins; tantôt c'est un pied cylindrique qui s'alonge ou se contracte pour opérer les mouvemens dont l'animal a besoin, et tantôt c'est un pied aplati et tranchant qui sert aux uns de point d'appui pour s’avancer, et aux autres de ressort pour sauter avec force. Les tentacules des mollusques sont, ou des espèces de cornes mobiles non articulées, contractiles ou de simples filets, doués les uns et les autres d'un sentiment très-fin, très-délicat, et souvent d'un mouvement rapide qui s'exécute en manière de vibration. Les mollusques qui ont des tentacules sur la tête n'en ont jamais moins que deux, et rarement plus de quatre. Ces tentacules ont en général la faculté de s'alonger ou de se raccourcir au gré de l'animal. Le plus souvent même ces tentacules sont des espèces de tuyaux creux qui peuvent se replier et rentrer en eux-mêmes par le moyen d'un muscle qui en tire l’extrémité jusques dans l'inférieur de la tête. Les yeux dans quelques mollusques nus, comme dans les sèches, les calmars, &c. sont gros et presqu'entièrement conformés comme ceux des animaux à vertèbres. Mais ceux des autres mollusques qui en sont munis, sont plus imparfaits et paroissent moins propres à l'usage ordinaire de cet organe. Dans les mollusques qui ont une tête, la bouche est tantôt courte, non saillante, marquée par une petite fente longitudinale ou tantôt elle est transversale, et prolongée en forme de trompe. Les sexes, dans les mollusques, sont quelquefois distingués, en sorte qu'on voit des individus mâles et des individus femelles. Plus souvent néanmoins ils sont réunis et les individus qui sont dans ce cas sont appelés hermaphrodites. Parmi ceux-ci on en distingue de plusieurs sortes : dans les uns l'hermaphrodisme donne à l'individu la faculté d'engendrer son semblable sans aucune espèce d'accouplement; et dans les autres, quoique l'individu réunisse en lui les deux sortes de parties sexuelles, il ne peut se suffire à lui-même; mais il a besoin du concours d'un autre individu avec lequel il puisse former un accouplement réciproque. La peau des mollusques est en tout temps humide, et comme enduite d'une liqueur visqueuse et gluante qui en suinte perpétuellement. Enfin quelques mollusques sont tout-à-fait nus à l'extérieur; mais la plupart des autres ont la faculté de se former une enveloppe solide, pierreuse, d'une seule ou de plusieurs pièces, dans laquelle ils sont plus ou moins complètement renfermés et de laquelle ils sortent au moins en partie lorsqu'ils en ont besoin. Cette enveloppe pierreuse et calcaire, à laquelle on a donné le nom de coquille, est formée par une transudation de la peau du corps de l'animal et sur-tout de son manteau. Dès avant sa naissance, l'animal en est revêtu en sorte qu'il sort de son oeuf avec sa coquille déjà toute formée. Elle s'accroît, non par des développemens intérieurs, ce qu'on nomme par intususception, mais par juxtaposition, c'est-à-dire par apposition successive de nouvelles molécules crétacées, contenues dans les sucs visqueux qui transudent du manteau de l'animal. Cette apposition produit à mesure de nouvelles couches qui se collent sous les premières et qui les débordent un peu. L'animal est attaché à sa coquille par un ou plusieurs muscles, qui se déplacent insensiblement à mesure qu'il grandit et qu'il augmente l'étendue de la coquille qui le contient. Les mollusques vivent en général dans la mer : néanmoins on en trouve dans les eaux douces, et même sur la terre dans des lieux humides ou ombragés. La division la plus naturelle des mollusques est celle qu'on peut obtenir de la considération de l'organisation même de ces animaux. Elle les partage d'une manière tranchée et cependant naturelle en deux ordres, savoir; 1°. En mollusques céphalés. 2°. En mollusques acéphalés. Voici l’exposé des caractères et des genres qui appartiennent au premier de ces deux ordres. ORDRE PREMIER MOLLUSQUES CEPHALÉS Ils ont une tête mobile et distincte à l’extrémité antérieure ou supérieure du corps, et le plus souvent des yeux et des tentacules sur la tête. Quoique les mollusques de cet ordre soient liés par des caractères communs, généraux et classiques aux mollusques acéphalés, ils en différent considérablement néanmoins par leur conformation générale, et par plusieurs particularités remarquables de leur organisation. Ces animaux semblent plus parfaits ou organisés plus complètement que les mollusques acéphalés; ils ont des facultés plus nombreuses, et doivent conséquemment composer le premier ordre, parce qu’ils sont réellement plus voisins des poissons sous différens rapports. Les mollusques dont il s’agit ont tous une tête saillante et mobile à l’extrémité antérieure ou supérieure du corps. Leur tête est une espèce d'éminence arrondie, charnue, qui termine antérieurement ou supérieurement le col de l'animal. Elle contient un cerveau mobile, composé de deux parties globuleuses, séparées l'une de l'autre à-peu-près comme dans le cerveau humain. Dans le plus grand nombre la tête est munie de deux yeux assez distincts, et porte deux ou quatre tentacules susceptibles de s'alonger ou de se raccourcir au gré de l'animal. Elles paroissent lui servir principalement à palper ou tâter les corps. La bouche de ces mollusques est tantôt courte, sans saillie, marquée par une petite fente longitudinale ou transversale ; et tantôt elle consiste en une trompe contractile que l'animal fait saillir à volonté, et qu'on peut regarder comme un oesophage alongé qui a la faculté de sortir du corps et d'y rentrer comme dans un fourreau. Ceux qui ont la bouche courte, l'ont fort petite et armée de deux mâchoires verticales dures, cornées, munies de petites dents. Ils sont herbivores. Ceux dont la bouche se prolonge en une espèce de trompe, l'ont aussi armée de petites dents qui tapissent le bord circulaire de son extrémité, et s'en servent comme de tarrière pour percer même les coquillages et sucer la chair des animaux qu'ils recouvrent : ce sont des espèces carnassières. Quelques mollusques de cet ordre nagent vaguement dans les eaux, ou marchent sur des espèces de pieds qui leur servent en même temps de tentacules. Mais la très-grande partie rampent ou se traînent sur un disque charnu, musculeux et ventral, qu'on nomme leur pied; ce qui leur a fait donner le nom de gasteropodes par le citoyen Cuvier. Les mollusques céphalés comprennent plusieurs familles très-distinctes, parmi lesquelles on remarque celle des céphalopodes, qui ne contient qu'un petit nombre de genres, et celle des gastéropodes, qui en renferme un très-grand nombre. Quelques genres de cet ordre offrent des animaux tout-à-fait nus à l'extérieur ; mais dans le plus grand nombre des genres, les animaux qui les composent sont plus ou moins complètement renfermés dans une coquille bien apparente. Ainsi pour faciliter l'étude de ces mollusques, on peut en former deux sections auxquelles seront rapportés 1°. Ceux qui sont nus à l'extérieur. 2°. Ceux qui sont enfermés plus ou moins dans une coquille apparente. Par ces distinctions, la série des genres de chaque section et sous-division peut être disposée de manière que l'ordre des rapports naturels soit par-tout ou presque par-tout conservé. PREMIÈRE SECTION. Mollusques céphalés nus à l'extérieur. Obs. A la vérité plusieurs d'entr’eux contiennent dans leur intérieur un ou plusieurs corps solides, soit cornés, soit crétacés; mais ils ne sont jamais renfermés dans une coquille apparente à l’extérieur, n'y tenant que par un ou plusieurs muscles en forme de ligament. PREMIÈRE SOUS-DIVISION. Ceux qui nagent vaguement dans les eaux. [texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIEME SOUS-DIVISION Ceux qui se traînent ou rampent sur le ventre. [A.] LES LIMACIERS. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [B.] LES PHYLLIDIENS. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIEME SECTION. Mollusques céphalés, extérieurement conchylifères. Observ. Les mollusques céphalés, extérieurement conchylifères, sont ceux qui sont constamment recouverts par une véritable coquille, ou qui se trouvent contenus plus ou moins complétement dans une coquille bien apparente à l'extérieur. Dans l'un ou l'autre cas l'animal est attaché à sa coquille par un ou plusieurs muscles. Pour tous les mollusques extérieurement conchylifères, j'emprunte les caractères des divisions et des genres, uniquement dans la considération de la coquille et non celle de l'animal. Il en résulte une méthode propre à faciliter l'étude de la conchyologie. En conséquence, comme les mollusques céphalés extérieurement conchylifères ont tous leur coquille d'une seule pièce, les caractères des divisions et des genres sont exprimés de la manière suivante. PREMIERE SOUS-DIVISION. Coquille recouvrante. Coquille univalve non spirale, recouvrant simplement l'animal. Obs. Les mollusques de cette sous-division appartiennent à la famille des phyllidies, ou s'en rapprochent par leurs rapports ; car ils ont les branchies placées à nu tout autour du corps sous le rebord du manteau. Ils sont comme ombragés par leur coquille qui, sans former de véritable spire, est convexe en dessus, concave en dessous, et ne fait que les recouvrir. Voici les genres qui composent cette sous-division. [texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIEME SOUS-DIVISION. Coq. Univalve, uniloculaire, spirivalve, engainant ou contenant l'animal. [A] Ouverture échancrée ou canaliculée à sa base. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [B] Ouverture entière et sans canal à sa base. Obs. Dans les genres de cette division, le manteau de l'animal ne forme aucun prolongement tubuleux pour la respiration. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] TROISIEME SOUS-DIVISION. Coquille univalve, multiloculaire, engaînant ou renfermant l'animal. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SECOND. MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. Ils n'ont point de tête distincte, et tous sont dépourvus d'yeux, d'organe auditif et d'organes de mastication. Ils produisent sans accouplement. Tous les mollusques acéphalés sont fortement distingués par leur conformation et leur organisation des mollusques céphalés qui composent le premier ordre. En effet, outre que ces mollusques n'ont point de tête distincte, et qu'ils sont tous dépourvus d'yeux, leur manteau a communément beaucoup plus d'ampleur car il est tantôt formé de deux grands lobes libres par-devant, mais qui se réunissent et tiennent à l'animal par le dos, le recouvrant en entier, comme dans les huîtres, les moules, les peignes, &c. et tantôt au lieu d'être ouvert par devant, il est fermé en tuyau et ouvert seulement aux deux extrémités, comme dans les pholades, les tarets, les biphores, ou quelquefois à une seule, comme dans les ascidies, les mammaires. La partie du corps de ces mollusques où se trouve leur bouche n'est nullement saillante. Elle est enveloppée par le manteau de manière qu'elle est immobile et incapable de se montrer au-dehors : en sorte qu'on ne peut pas convenablement lui donner le nom de tête. La bouche des mollusques acéphalés est incomparablement plus grande que celle des mollusques qui ont une tête saillante et distincte. Elle est placée à-peu-près au milieu du corps ou quelquefois à une de ses extrémités, et n'offre ni dents, ni mâchoires cornées. On y distingue en général quatre espèces de lèvres qui bordent une ouverture qui aboutit à l'estomac par un oesophage fort court. Ces lèvres s'agitent continuellement lorsque l'animal ouvre sa coquille, et obligent par ce mouvement l'eau de passer dans l'ouverture qui lui sert de bouche. Aucun des mollusques dont il s'agit ne rampe sur un disque charnu et ventral comme dans le plus grand nombre des mollusques céphalés. Dans les espèces conchylifères les branchies sont grandes, placées entre les lobes du manteau et le ventre de l'animal, et attachées deux à deux vers le dos de la coquille dont elles égalent à-peu-près la longueur. Elles ressemblent à quatre feuillets membraneux, très-minces, taillés en demi-lune, et formés par un tissu de petits vaisseaux repliés et disposés comme des tuyaux d'orgues fort serrés. Il n'y a d'autres tentacules dans les mollusques acéphalés que les filets courts qu'on trouve souvent soit à l'anus de ces animaux, soit sur les bords du manteau où ils forment des franges, comme dans l'huître, la moule, &c. Dans certaines circonstances ces filets ont la faculté de se mouvoir en manière de vibration avec une rapidité qui fatigue l'oeil de l'observateur. Ils sont doués d'une sensibilité exquise. Tous les mollusques acéphalés paroissent être Hermaphrodites. Or, comme ils produisent, sans accouplement, sans doute ils se suffisent à. eux-mêmes, ou bien ils sont fécondés par la voie des fluides environnans qui servent de véhicule aux matières propres à les féconder. Quelques mollusques acéphalés sont tout-à-fait nus; mais la plupart de ces animaux sont revêtus d'une enveloppe solide et testacée qui n'est jamais univalve, mais qui est toujours formée de deux pièces ou davantage, articulées ensemble. Je divise les mollusques de cet ordre en deux sections: savoir, 1°. En mollusques acéphalés nus. 2°. En mollusques acéphalés conchyliféres. Les uns et les autres sont des animaux plus imparfaits et qui ont moins de facultés que les mollusques céphalés qui composent le premier ordre de cette classe. PREMIÈRE SECTION. Mollusques acéphalés nus. Les animaux de cette section n'ont aucun corps solide et testacé, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur du corps. On ne leur connoît aucune sorte de tentacule. Leur manteau enveloppe tout le corps et se trouve toujours fermé antérieurement: mais tantôt il est ouvert aux deux bouts (les biphores), et tantôt il ne l'est seulement que dans sa partie supérieure où il présente quelquefois une seule et plus souvent deux ouvertures. Les mollusques acéphalés nus sont très-peu nombreux dans la nature, comparativement aux mollusques acéphalés conchyliféres ; et même on n'en connoît encore qu'un petit nombre de genres. Les uns sont constamment fixés sur différens corps marins, et les autres sont libres et nagent dans les eaux. Voici les genres connus qui appartiennent à cette section. [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIÈME SECTION. Mollusques acéphalés conchylifères. Les animaux de cette section sont en tout temps revêtus d'une enveloppe solide, crêtacée composée de deux pièces ou davantage, auxquelles on donne le nom de valves. Quoique cette enveloppe solide et pierreuse soit composée de plusieurs valves articulées ensemble, on lui donne le nom de coquille, comme on le fait lorsqu'elle est d'une seule pièce et que l'animal y est aussi attaché par un ou plusieurs muscles tendineux vers leur insertion, qu'il déplace insensiblement à mesure qu'il grandit et fait prendre de l'accroissement à sa coquille. Les mollusques acéphalés conchylifères sont beaucoup plus nombreux dans la nature que les acéphalés nus. Aussi en connoît-on un grand nombre de genres très-distincts entre eux par la diversité des animaux même qui les constituent essentiellement, mais dont les caractères propres sont établis uniquement sur la considération de la coquille, afin de faciliter par-là l'étude de la conchyliologie. Dans la coquille des acéphalés conchylifères, il n'y a point d'ouverture, ou ce qu'on appelle improprement bouche de la coquille, qui soit fixe et déterminable. C'est pourquoi les caractères principaux sont empruntés de la considération du nombre des valves et des particularités qui appartiennent à leur articulation ou à ce qu'on nomme, la charnière de la coquille. Ainsi d'après la considération de la coquille, je partage les acéphalés conchylifères en deux sous-divisions: savoir, 1°. En ceux qui ont leur coquille équivalve. La coquille a deux valves principales, égales, régulières, articulées en charnière, avec ou sans pièces accessoires. 2°. En ceux qui ont leur coquille inéquivalve. Les valves principales de la coquille sont inégales, soit articulées en charnière, soit autrement réunies. PREMIÈRE SOUS-DIVISION. Coquille équivalve. Elle est composée de deux valves égales, avec ou sans pièces accessoires. La coquille de ces mollusques est composée ou de deux pièces seulement ou de deux pièces principales articulées en charnière, avec ou sans pièces accessoires. Ces deux pièces soit uniques, soit principales, sont égales entr'elles; c'est-à-dire se ressemblent dans leurs dimensions et dans leur forme. Les animaux renfermés dans ces coquilles font sortir, quand il leur plaît, un pied musculeux, conformé tantôt en langue, tantôt en une lame mince, plus ou moins alongée, et tantôt en un cylindre qui se contracte ou s'alonge selon la volonté de l'animal. Cet organe que l'animal fait ainsi sortir de sa coquille, lui sert pour opérer les mouvemens dont il a besoin, ou lui tient lieu de filière lorsqu'il veut s'attacher à quelques corps marins. Voici les genres connus qui appartiennent à cette sous-division. 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Tantôt ces valves sont au nombre de deux seulement, et articulées en charnière, et tantôt elles sont en plus grand nombre. Quelquefois la pièce principale est en forme de tube régulier ou irrégulier. La plupart des mollusques de cette division n'ont pas de pieds; et parmi eux, il en est qui ont deux espèces de bras ciliés qui se retirent en se roulant, en spirale, ou des tentacules inégales, nombreuses, articulées qui se roulent aussi en spirale. Voici les genres connus qui appartiennent à cette sous-division. 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Ils engendrent plusieurs fois pendant leur vie. Les crustacés viennent nécessairement et immédiatement après les mollusques; car après eux ce sont les mieux ou les plus complètement organisés de tous les animaux sans vertèbres. Ils ont, comme les mollusques, des branchies pour la respiration, et un coeur musculaire pour la circulation de leurs fluides; mais leur corps et leurs membres sont articulés comme dans les arachnides et dans les insectes. La considération des articulations du corps et des membres des crustacés les a jusqu'à ce jour fait regarder par tous les Naturalistes comme de véritables insectes, et j'ai moi-même long-temps suivi l'opinion commune à cet égard. Mais comme il est reconnu que l'organisation méthodique et naturelle des animaux, ainsi que pour déterminer parmi eux les véritables rapports, il en résulte que les crustacés respirant uniquement par des branchies, à la manière des mollusques, et ayant comme eux un coeur musculaire, doivent être placés immédiatement après eux, avant les arachnides et les insectes qui n'ont pas une semblable organisation. Outre la considération du coeur des crustacés, des branchies dont ils sont munis pour leur respiration, et de leur défaut de stigmates, car ils n'ont point de trachées, ils ont encore la faculté de s'accoupler et d'engendrer plusieurs fois pendant la durée de leur vie, ce qu'ils ont de commun avec les mollusques et même avec les arachnides, mais ce qui les distingue fortement des insectes qui ne jouissent nullement de cet avantage. D'une autre part, les animaux qui terminent la classe des mollusques, savoir les deux derniers genres d'acéphalés multivalves, tels que les balanites et les anatifs, ont des tentacules articulés, et semblent véritablement former le passage des mollusques aux crustacés d'une manière remarquable. Un autre rapport qui rapproche encore les crustacés des mollusques peut être emprunté de la considération des yeux. En effet on sait que dans beaucoup de mollusques les yeux sont élevés sur des pédicules mobiles, et qu'ils sont situés soit à l'extrémité de ces pédicules, soit au-dessous de cette extrémité. On retrouve exactement la même chose dans beaucoup de crustacés, avec cette différence que dans ceux-ci les pédicules ayant une peau dure et crustacée, ne peuvent pas être aussi contractiles. Ils le sont effectivement un peu moins. Cependant les ayant observés pendant la vie de l'animal, je les ai vu se retirer subitement au moindre attouchement qu'ils recevoient, rentrer en partie et se cacher ou se resserrer dans la fossette même où ils sont placés. J'ai cru même m'appercevoir que ces yeux ne voient guère plus que ceux que soutiennent les tentacules des limaces et des gastéropodes univalves. Les crustacés ont leurs parties molles, couvertes à l'extérieur d'une croûte dure, presqu'osseuse, en partie crêtacée et en partie cornée dans les uns ; mais paroissant simplement cornée dans d'autres. Cette peau crustacée des animaux dont il s'agit, est en général composée de plusieurs pièces. Elle est d'abord flexible et cornée lorsqu'elle est formée nouvellement ; mais elle se durcit graduellement, et se change en une croûte qui devient à la fin plus ou moins pierreuse, selon les espèces. De l'induration et la solidification toujours croissante de cette peau des crustacés, il s'ensuit qu'à mesure que l'animal se développe et grandit, sa peau solidifiée ne peut se prêter et s'accommoder au nouveau volume qu'a opéré l'accroissement. L'animal est donc forcé de s'en dépouiller totalement, à diverses époques de sa vie, pour en reformer une autre plus convenable aux nouvelles dimensions de son corps et de ses parties saillantes. La plupart des crustacés vivent dans les eaux soit douces et fluviatiles ou stagnantes, soit salées ou marines. Ces animaux ont tous des pattes articulées, que l'on confond quelquefois avec leurs palpes. Ils ont aussi plusieurs paires de mâchoires ; des antennes articulées, simples ou rameuses, et dans presque tous ces animaux la tête n'est pas distinguée du corselet. Leurs parties sexuelles sont doubles. Je divise les crustacés en deux ordres, d'après la considération des yeux de ces animaux ; les uns ayant les yeux pédiculés et mobiles, tandis que les autres les ont fixes et sessiles. En conséquence, aux animaux du premier ordre, j'ai donné le nom de crustacés pédiocles, parce qu'ils ont les yeux pédiculés et mobiles ; et, par opposition, j'ai donné le nom de crustacés sessiliocles aux animaux du second ordre, parce qu'ils ont les yeux fixes et sessiles. ORDRE PREMIER. CRUSTACÉS PÉDIOCLES. Ils ont deux yeux distincts élevés sur des pédicules mobiles. Les crustacés pédiocles, qu'on nomme aussi caparassés ou cuirassés ( loricati ), et que d'autres appellent malacostracés, sont en général les plus grands et les plus connus des crustacés. Ces animaux sont remarquables et bien distingués de ceux de l'ordre second, en ce que leurs yeux toujours distincts, c'est-à-dire séparés, sont élevés sur des pédicules mobiles et ne sont jamais composés ou à réseau. Leur tête en général n'est point recouverte par un bouclier crustacé qui la déborde. Ils attachent leurs oeufs sous leur queue, mais ils les portent alors toujours à nu ; au lieu que dans les crustacés de l'ordre second, les femelles portent leurs oeufs soit sous le ventre,soit sous la queue, soit attachés au derrière ; mais toujours enfermés dans une pellicule qui forme une espèce de sac. Enfin les crustacés pédiocles ont presque tous les branchies à l'intérieur, car il n'y a même que le dernier genre de cet ordre qui ait les branchies découvertes. Aussi ce genre fait-il la transition naturelle des crustacés du premier ordre à ceux du second, qui tous paroissent avoir leurs branchies à l'extérieur. Je divise l'ordre des crustacés pédiocles en deux sections et en quelques autres sous-divisions, de la manière suivante. PREMIÈRE SECTION. Corps court, ayant une queue nue, sans feuillets, sans crochets, sans appendices latéraux, et appliquée contre le dessous de l'abdomen. [CANCRI BRACHYURI.] [A] Corps arrondi ou obtus antérieurement. [texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [B] Corps suborbiculaire. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [C] Corps rétréci et avancé en pointe antérieurement [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] SECONDE SECTION. Corbs oblong, ayant une queue alongée, garnie d'appendices, ou de feuillets ou de crochets. [CANCRI MACROURI] [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit dans cette version] ORDRE SECOND. CRUSTACÉS SESSILIOCLES. Ils ont deux yeux distincts ou réunis en un seul, mais constamment fixes et sessiles. Les crustacés sessiliocles, que d'autres nomment entomostracés, sont des crustacés aquatiques qui, par leurs rapports, semblent tenir le milieu entre les crustacés pédiocles et les arachnides. Il y en a de fort grands, comme les polyphèmes ; mais la plupart des autres sont fort petits, et souvent même microscopiques. Ils diffèrent essentiellement des crustacés pédiocles par leurs yeux sessiles, immobiles, et qui dans un grand nombre paroissent composés ou à réseau. Quoique la détermination de leurs branchies ne soit pas facile, il n'est pas douteux que ces animaux n'en soient munis. Il paroît même que leurs branchies sont toujours extérieures et constituées par des appendices, des feuillets vasculeux, ou des franges situées sous la queue, ou inférieurement et sur les côtés. Sans l'extrême petitesse d'un grand nombre de ces crustacés qui rendent très-difficile la détermination de leurs branchies, j'aurois divisé la classe des crustacés d'après la considération des branchies internes ou externes, et dans ce cas les deux derniers genres du premier ordre eussent appartenu au second ordre. Mais en employant une considération plus facile dans l'usage, je n'en ai pas moins conservé l’ordre des rapports naturels les plus importans. Les crustacés sessiliocles varient dans le nombre et dans la forme ou la situation des pièces crustacées qui couvrent leur corps, dans celui de leurs pattes, dans celui de leurs antennes, enfin dans celui même de leurs yeux ; car souvent leurs yeux sont tellement rapprochés, qu'alors ils sont réunis en un seul oeil apparent. Cette dernière considération a engagé Linnéus à réunir presque tous les crustacés sessiliocles dans un seul genre, sous le nom de monoculus, quoiqu'un grand nombre de ces monocles ayent deux yeux bien distincts. Une partie des c. sessiliocles a le corps alongé et couvert de pièces crustacées transverses et assez nombreuses, qui leur donnent un aspect en quelque sorte approchant de celui des écrevisses. Mais une autre partie des animaux de cet ordre est fort remarquable, en ce que leur corps, et souvent même leur tête, sont recouverts par un grand bouclier crustacé d'une seule ou de deux pièces. Les organes de la génération dans les animaux de cet ordre, au nombre de deux ou d'un seul dans chaque individu, sont cachés dans la queue, ou dans la poitrine, ou enfin dans les antennes, comme dans les araignées mâles, ils le sont dans leurs antennules. Parmi les femelles, les unes attachent leurs oeufs sous leur queue et les y accumulent sous la forme de grappe serrée, qui semble être nue ; d'autres portent leurs oeufs hors du corps, sous le ventre ou attachés au derrière et renfermés dans une pellicule qui forme une espèce de sac, dans lequel les petits restent et croissent ensemble. Les crustacés sessiliocles vivent pour la plupart dans les eaux douces et stagnantes. On en trouve quelques espèces qui n'habitent que dans les eaux limpides et courantes des fontaines et des rivières. D'autres, mais en petit nombre, vivent dans la mer et peuvent supporter la salinité de ses eaux. Toutes les petites espèces ont le corps diaphane, et les pièces crustacées qui le recouvrent sont presque membraneuses. Ces animaux sont carnassiers et se nourrissent des animalcules infusoires qu'ils peuvent attraper. PREMIÈRE SECTION. Corps couvert de pièces crustacées nombreuses, soit transverses, soit longitudinales. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] DEUXIEME SECTION Corps couvert par un bouclier crustacé d'une seule ou de deux pièces. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] TABLEAU DES ARACHNIDES [Tableau non reproduit dans cette version] CLASSE TROISIEME. [la 7e du règne animal] LES ARACHNIDES Des stigmates et des trachées pour la respiration. Des pattes articulées et des yeux à la tête dès les premiers développemens. Point de métamorphose. Ils engendrent plusieurs fois dans le cours de leur vie. Les arachnides ont des rapports assez nombreux avec les crustacés; aussi tous les naturalistes les en ont-ils toujours rapprochés avec raison. Dans la plupart l’aspect est également hideux, et la tête est immobile et confondue avec le corselet. Néanmoins leurs stigmates très-apparens, et qui indiquent que ces animaux respirent par des trachées,leur peau molle, rarement crustacée, la saillie et la forme de l’abdomen dans le plus grand nombre, sont des différences si remarquables, qu'il ne paroît nullement convenable de confondre dans la même classe les crustacés et les arachnides. Tous les crustacés respirent par des branchies, et sont en conséquence dépourvus de stigmates. Leur peau est par-tout recouverte de pièces crustacées, et leur abdomen est tellement confondu avec le thorax, que le plus souvent il est nul. Dans les arachnides non-seulement les stigmates indiquent qu'il n'y a point de branchies pour la respiration ni de véritable coeur ; mais la peau presque toujours molle, et l'abdomen dans le plus grand nombre, nu, saillant et bien distinct du thorax, offrent des caractères qui font reconnoître ces animaux au premier aspect. D'ailleurs presque tous les crustacés ont plusieurs paires de mâchoires, ce qu'on n'observe pas dans les arachnides qui ont en général une paire de mandibules et une seule paire de mâchoires fort petites, et souvent même tout à fait nulles. Quelques genres qui font partie de cette classe n'ont même pour constituer leur bouche qu'une trompe ou une espèce de suçoir. Il paroît donc évident, d'après l'examen des rapports naturels les mieux constatés, que les arachnides doivent former une classe particulière, qu'on ne sauroit écarter ni de celle des crustacés ni de celle des insectes, qui est cependant très-distincte de l'une et de l'autre, et qui par conséquent doit être placée entr'elles. En effet ils diffèrent essentiellement des insectes en ce qu'ils ne subissent jamais de métamorphose, qu'ils naissent sous la forme qu'ils doivent toujours conserver, et qu'ils multiplient plus d'une fois dans la durée de leur vie. Les arachnides vivent les unes sur la terre, d'autres dans les eaux ; enfin d'autres sont parasites de différens animaux dont elles sucent la substance. En général elles sont carnassières et vivent de proie ou du sang qu'elles sucent ; aussi ont-elles principalement des mandibules ou un suçoir, et celles qui ont des mâchoires les ont fort petites. Je divise les arachnides en deux ordres savoir, 1°. Les arachnides palpistes. 2°. Les arachnides antennistes. ORDRE PREMIER. ARACHNIDES PALPISTES. Elles n'ont point d'antennes mais seulement des palpes ou antennules. Leur tête est confondue avec le corselet, et leur coprs est muni de huit pattes. [A] Bouche munie de mandibules et de mâchoires. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] [B] Bouche munie d'une trompe ou d'un suçoir. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SECOND. ARACHNIDES ANTENNISTES. Elles ont deux antennes et la tête distincte. Les unes ont vingt pattes ou davantage ; les autres n'en ont constamment que six. [A] Vingt pattes ou davantage (famille des polypodes) [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [B] Six pattes (famille des parasites) [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] TABLEAU DES INSECTES [Tableau non reproduit dans cette version] CLASSE QUATRIEME. [la 8e du règne animal] LES INSECTES. Corps subissant une ou plusieurs métamorphoses, et ayant dans l’état parfait des yeux et des antennes à la tête, des stigmates et des trachées pour la respiration, et six pattes articulées. Ils ne s'accouplent et n'engendrent qu'une seule fois pendant leur vie. La classe des insectes est une des plus nombreuses, des plus curieuses et des plus intéressantes à connoître du règne animal. Les animaux qu'elle comprend n'ont point de coeur musculaire pour la circulation de leurs fluides. Ils manquent de cerveau, mais ils ont une moelle longitudinale noueuse et des nerfs, et dans leur état parfait ou adulte, ils ne respirent que par des stigmates et des trachées aériennes. On peut dire de ces animaux, ainsi que de ceux des classes suivantes, que les organes essentiels à l’entretien de leur vie sont répandus et également situés dans toute l’étendue de leur corps, au lieu d'être isolés soit dans des cavités séparées, soit dans des lieux particuliers, comme cela a lieu dans les animaux des classes précédentes. Tous les vrais insectes subissent une double ou une triple métamorphose, ou acquièrent en général de nouvelles parties pour arriver à leur état adulte, qu'on nomme leur état parfait. Ils ne multiplient par la génération qu'une fois dans la durée de leur vie ; en sorte que lorsqu'ils ont rempli cette tâche que leur a imposée la nature, ils périssent peu après. Les insectes naissent dans l'état de larve, c'est-à-dire qu'ils ont en sortant de l'oeuf une forme différente de celle qu'ils doivent acquérir pour être dans leur état parfait, ou qu'ils sont dépourvus de certains organes qu'ils doivent avoir un jour. En effet la plupart ont en naissant la forme d'un véritable ver. Leur corps est alongé, muni d'une tête cohérente, et se trouve dépourvu de corselet. La plupart de ces larves ont des pattes courtes en nombre variable, mais il y en a qui en manquent entièrement. Les larves subissent différentes mues, c'est-à-dire changent plusieurs fois de peau à mesure qu'elles se développent. Elles sont très voraces, et demeurent souvent plus longtemps dans cet état que dans celui d'insecte parfait. Parvenues à leur dernier accroissement, elles subissent une transformation, et passent à l'état de nymphe ou chrysalide. L'état de nymphe est pour la plupart des insectes un état singulier d'immobilité, de resserrement et souvent d'occultation des parties, qui le feroit prendre aisément pour un état de mort. Ces nymphes ne prennent point de nourriture, et selon les diverses sortes qu'on en distingue, les unes présentent une masse ovale, obtuse d'un côté, un peu pointue de l'autre ; recouverte par un tégument coriace qui n'est pas la peau même de l'animal ; d'autres présentent une masse ovale, un peu en pointe aux deux bouts, immobile lorsqu'on la touche et qui est une coque formée par le raccourcissement et l'induration de la peau même de l'animal ; d'autres enfin présentent une masse dans laquelle, au travers d'une pellicule mince qui l'enveloppe, on distingue dans un état de contraction toutes les parties que doit avoir l'animal dans son état parfait. Les nymphes après un temps quelconque, dont la durée varie selon les espèces, selon la saison, &c. subissent une transformation qui fait passer l'animal qui l'éprouve à l'état d'insecte parfait. Quant aux insectes qui, au lieu de subir cette triple métamorphose, ne font qu'acquérir de nouvelles parties pour arriver à l'état parfait, ils ont en naissant la forme principale qu'ils doivent toujours conserver ; ils ne prennent jamais d'état forcé d'immobilité, de contraction de parties et d'abstinence ; mais ils acquièrent des ailes dont, dans leur jeunesse, ils n'ont que des moignons ou de simples rudimens. Les insectes parvenus à leur dernier état, qu'on nomme parfait, sont dans cet état fort différens de ce qu'ils étoient lorsqu'ils sont nés. En effet, d'insectes rampans qu'ils étoient pour la plupart, ils sont devenus insectes ailés et volans, et ont alors la faculté de reproduire leur espèce. C'est la plus courte, mais la plus brillante période de leur vie. Ils semblent alors ne respirer que la gaîté et le plaisir : ils s'y livrent sans doute avec tant d'ardeur, qu'épuisés en peu de temps, ils perdent bientôt la vie, et périssent ordinairement avant la naissance même de leur postérité. On distingue dans l'insecte parfait quatre parties principales, qui sont la tête, le thorax, l'abdomen et les membres. LA TÊTE. Sur la tête, qui est en général fort petite en proportion du reste du corps, on observe la bouche, les yeux, les antennes, le front et le vertex. En voici les détails. La bouche, très-variée dans sa conformation dans les insectes, et étant un indice de la manière de vivre et des principales habitudes de ces animaux, présente des caractères dont la considération est importante. On distingue dans la bouche dix parties principales, qui ne se rencontrent pas toutes à-la-fois dans le même insecte, mais qu'il est nécessaire de bien connoître : savoir, 1°. La lèvre supérieure (labium superius) ; c'est une pièce transversale, membraneuse ou coriace, mobile, placée à la partie antérieure de la tête au-dessus de la bouche dont elle fait partie. Les lépidoptères, les diptères et divers autres insectes n'ont point de lèvre supérieure. 2°. La lèvre inférieure (labium inferius) ; c'est une autre pièce transversale, mobile, membraneuse au coriace, qui termine la bouche inférieurement, et donne naissance aux autennules postérieures. On ne la trouve point dans les hémiptères ni dans les insectes qui n'ont point de lèvre supérieure. 3°. Les mandibules (rnandibulœ) : ce sont deux pièces ordinairement dures, cornées, aiguës, tranchantes, entières ou dentées, placées de chaque côté de la bouche, immédiatement au-dessous de la lèvre supérieure, lorsqu'elle existe. Leur mouvement est latéral, tandis que celui des lèvres s'exécute de haut en bas et de bas en haut. Les lépidoptères, les hémiptères et les diptères n'ont point de mandibules. 4°. Les mâchoires (maxillœ) : ce sont deux pièces ordinairement minces, membraneuses, quelquefois coriaces, situées immédiatement au-dessous des mandibules, entre celles-ci et la lèvre inférieure. Leur mouvement s'exécute latéralement comme celui des mandibules. Si l'on en excepte les hyménoptères dans lesquels les mâchoires sont transformées en une espèce de trompe, tous les insectes qui sont pourvus de mandibules le sont aussi de mâchoires. Ces parties donnent naissance aux antennules antérieures. 5°. Les galétes (galeœ) : ce sont deux pièces plates, membraneuses, placées à la partie externe des mâchoires des orthoptères, et qui recouvrent en grande partie la bouche de ces insectes. 6°. Les antennules ou les palpes (palpi) elles sont au nombre de deux, ou de quatre, ou de six. Ce sont de petits filets mobiles, articulés, qui ressemblent à des barbillons ou à de petites antennes. Elles ont leur attache à la partie extérieure des mâchoires et aux parties latérales de la lèvre inférieure dans les coléoptères, les orthoptères, les névroptères, &c. elles accompagnent la trompe de plusieurs hyménoptères et diptères ; mais les hémiptères en sont privés. 7°. La langue ( lingua), très-improprement appelée de ce nom, est une espèce de suçoir nu, plus ou moins long, filiforme ou sétacé, divisé en deux pièces, roulé en spirale lorsque l'insecte n'en fait pas usage, et placé entre les antennules. Cette partie forme la bouche des lépidoptères. Elle est composée de deux lames étroites, convexes en-dehors, concaves en-dedans, et qui, en se réunissant, forment un cylindre creux, propre à laisser passer le suc mielleux dont ces insectes se nourrissent. 8°. Le bec (rostrum) : c'est une espèce de trompe articulée, mobile, recourbée sous la poitrine, et creusée supérieurement en manière de gouttière ou de demi-fourreau, pour recevoir un suçoir composé de trois soies ou filets très-déliés que les insectes qui en sont munis introduisent dans le corps des animaux ou dans le tissu des plantes dont ils se nourrissent. Le bec constitue spécialement la bouche des hémiptères. 9°. La trompe (proboscis) : c'est une pièce plus ou moins alongée, non articulée, souvent cylindrique, un peu charnue rétractile et terminée par deux lèvres, et quelquefois plus grêle, plus roide, et pointue à son extrêmité. Elle est creusée en-dessus par une rainure longitudinale, pour recevoir ou contenir le suçoir lorsque l'animal n'en fait pas usage ; et qui est formé de plusieurs soies. La trompe est la bouche spéciale des diptères. 10°. Le suçoir (haustellum) est formé de deux à cinq filets très-minces, très-déliés, qui portent le nom de soies, et qui, se réunissant ensemble, complètent un cylindre creux, propre à laisser passer les sucs dont se nourrissent les insectes à suçoirs. Dans les hémiptères et la plupart des diptères, le suçoir est accompagné d'une gaine articulée ou non articulée dans laquelle il se renferme lorsqu'il n'agit point ; mais dans les lépidoptéres, le suçoir qui alors prend le nom de langue, n'a point de gaine particulière et saillante pour se renfermer. Ainsi la trompe et le bec qui contiennent le suçoir manquent quelquefois ; mais dans les insectes qui n'ont ni mandibules ni mâchoires, le suçoir ne manque jamais. Nota. On a donné improprement le nom de suçoir aux pièces de la bouche dont je viens de parler ; car ce mot présente une fausse idée de la manière dont les sucs sont portés à la bouche et dans l'estomac des insectes à suçoir. En effet, ce n'est point par une espèce de succion que les insectes à suçoir ou à trompe retirent les sucs dont ils se nourrissent ; ils ne peuvent aspirer l'air qui est le principal agent d'une véritable succion, puisque, comme l'on sait, les insectes ne respirent que par les stigmates placés aux parties latérales de leur corps. Mais les filets que renferment soit la trompe, soit le bec des insectes, étant retirés de leur gaine et introduits ensemble dans la peau d'un animal ou dans le tissu d'une plante, se séparent un peu à leur extrémité, et permettent au liquide extravasé de se présenter à l'ouverture et même d'y entrer. Alors, par une espèce d'ondulation et par des rétrécissemens successifs, le liquide est porté de l'extrémité à la base du suçoir, et de-là dans l'estomac de l'insecte. La trompe ou langue des lépidoptères n'agit que par le même mécanisme. D'après ce qui vient d'être exposé sur les dix parties qui composent la bouche des insectes, on voit que ces parties ne se trouvent jamais toutes réunies dans la bouche du même animal. Les yeux des insectes sont au nombre de deux, et placés à la partie antérieure et latérale de la tête. Ils sont sessiles, immobiles, convexes, nus, à réseau ou taillés à facettes, et recouverts d'une pellicule dure, cornée, luisante et transparente. Outre les deux yeux dont nous venons de parler, on distingue sur la partie supérieure de la tête de beaucoup d'insectes deux ou trois points luisans et convexes, qui semblent être des espèces de petits yeux, et que les naturalistes ont en effet nommés petits yeux lisses. Il est néanmoins très-douteux que ce soit de véritables yeux. Les antennes (antennœ), au nombre de deux, sont des espèces de cornes mobiles, articulées, plus ou moins longues, diversement conformées, et qui naissent de la partie antérieure et latérale de la tête. Tous les insectes en sont munis. Ces parties ont quelques rapports avec les tentacules des mollusques, comme les cornes de limaçons; mais les antennes des insectes sont articulées, tandis que les tentacules des mollusques ne le sont nullement. Le front est la partie supérieure et à-la-fois la plus antérieure de la tête, celle qui occupe l'espace qui se trouve entre les yeux et la bouche. Cette partie a reçu dans les coléoptères le nom de chaperon (clypeus), et l'on sait que dans ces insectes cette pièce s'avance sur la bouche, et souvent la déborde de tous côtés, formant une espèce de bouclier ou de casque applati. Le vertex ou stemma est la partie la plus supérieure de la tête, l'endroit où se trouvent ordinairement les petits yeux lisses. On a donné le nom de ganache, gula, à la partie qui se trouve sous la bouche des insectes entre celle-ci et le col. LE TRONC. Le tronc ou thorax, comprend le corselet proprement dit, l'avant-poitrine, la poitrine, le sternum et l'écusson. II est la seule partie qui porte les pieds dans les insectes parfaits. On a donné plus particulièrement le nom de corselet à la partie supérieure du thorax ; celle qui se trouve entre la tête et la base des ailes. Immédiatement sous le corselet se trouve l'avant-poitrine qui donne naissance aux deux premières pattes. Elle est très-distincte de la poitrine, et est fort remarquable dans les coléoptères. La partie du thorax qui donne naissance aux quatre pattes postérieures et qui se trouve placée entre l'avant-poitrine et le ventre, a reçu le nom de poitrine. Elle est munie sur les côtés de petites ouvertures en forme de boutonnières, nommées stigmates. Ce sont les organes extérieurs de la respiration, et, vraisemblablement ceux de l'odorat des insectes. On désigne sous le nom de sternum, la partie du milieu de la poitrine, celle qui se trouve entre les quatre pattes postérieures. Cette pièce est remarquable dans les ditiques, les cétoines, &c. L'écusson (scutellum) est une petite pièce placée à la partie postérieure du corselet, à la base interne des élytres ou des ailes. On le distingue aisément dans la plupart des coléoptères. L'ABDOMEN. L'abdomen vient immédiatement après le thorax et termine postérieurement le corps de l'animal. Dans les insectes parfaits il contient la plupart des viscères, et ne porte jamais les pattes. Il est ordinairement caché sous les ailes ou les élytres. Sa partie inférieure a reçu plus particulièrement le nom de ventre. L'abdomen est composé d'anneaux ou de segmens dont le nombre varie, et l'on voit de chaque côté de ces segmens un stigmate comme aux parties latérales de la poitrine. L'ouverture située à la partie postérieure de l'abdomen, donne issue aux excrémens et sert aussi pour la génération. Elle est souvent accompagnée de filets, de tarrière, ou de quelqu'appendice ou piquant saillant ou caché. LES MEMBRES. On divise les membres des insectes en pattes et en ailes. Les pattes (pedes), dans les insectes parfaits sont au nombre de six. Elles sont composées chacune de plusieurs pièces articulées, dont les principales sont la cuisse, la jambe et une espèce de doigt qu'on nomme le tarse. La cuisse forme la principale pièce de la patte. Elle est renflée dans quelques espèces, et renferme des muscles assez forts pour faire exécuter un saut considérable à la plupart de ces animaux. La jambe est la pièce qui suit et qui tient à la cuisse. Sa forme est ordinairement cylindrique. Elle est souvent armée de poils roides, de piquans ou de dentelures. Le tarse est une espèce de doigt, composé de deux à cinq pièces articulées les unes avec les autres, dont la dernière est ordinairement terminée par un double crochet. La considération du nombre des pièces du tarse fournit de bons caractères pour diviser certains ordres de la classe des insectes. Les ailes (alœ) sont attachées a la partie postérieure et un peu latérale du corselet, et sont au nombre de deux ou de quatre. Elles sont membraneuses, sèches, élastiques, et parsemées de veines qui forment quelquefois un joli réseau. Les supérieures sont ou simplement membraneuses, comme les inférieures, ou différentes de celles-ci et plus ou moins coriaces. Lorsque les ailes supérieures sont différentes des inférieures par leur consistance, qu'elles sont dures, plus ou moins opaques, qu'elles ne servent point au vol, mais qu'elles font l'office de véritables étuis, en recouvrant et renfermant dans l'état de repos les ailes même de l'animal, on leur donne le nom d'élytres, qui signifie étui. Les élytres sont durs et presque toujours opaques dans les coléoptères. Jamais ils ne manquent ; mais les ailes manquent quelquefois. Dans les orthoptères et les hémiptères, les élytres sont presque membraneux ou demi-membraneux. Quelquefois même ils sont presque semblables aux véritables ailes. Dans les insectes qui manquent d'élytres, et qui néanmoins n'ont que deux ailes, on remarque les balanciers et quelquefois des caillerons qui les accompagnent. Les balanciers (halteres) sont deux petits filets ou pédicules mobiles, plus ou moins alongés, terminés par un bouton arrondi, et qui semblent tenir la place des ailes qui manquent. Souvent ces balanciers sont nus ; mais quelquefois on voit au-dessus deux petites pièces convexes d'un côté, concaves de l'autre ; qui ressemblent à des écailles ayant la forme de cuillers, et auxquelles en conséquence on a donné le nom de cuillerons. Aucun insecte n'est ailé en naissant ; ceux qui acquièrent des ailes n'en ont que dans leur état parfait. Distribution des insectes. La nécessité d'une bonne méthode en histoire naturelle, et par conséquent dans chacune de ses parties, est trop généralement reconnue pour m'arrêter à en démontrer ici les avantages. Les insectes d'ailleurs sont si nombreux, qu'il seroit impossible de les étudier et de les connoître si on ne les distribuoit d'abord en grandes masses, et si ensuite on ne formoit des divisions et des sous-divisions qui facilitent la recherche des espèces. N'ayant trouvé parmi les méthodes qui ont été publiées jusqu'à ce jour pour déterminer les insectes, aucune distribution qui m'ait paru remplir complètement son objet, je m'en suis formé une qui me semble offrir plus de facilité dans l'usage, plus de convenance dans les rapports, et qui a en outre l'avantage de se rapprocher, à bien des égards, des Méthodes de Linné, de Geoffroy et d'Olivier, méthodes qui sont sans contredit, les meilleures qu'on ait publié sur cette intéressante partie de l'histoire naturelle. Dans ma distribution des insectes, les caractères empruntés de la considération des parties de la bouche, sont principalement employés à déterminer les ordres, concurremment avec la considération des ailes. Le citoyen Olivier a eu la même idée et l'a publiée dans ses ouvrages. Mais dans l'emploi de ces deux moyens, il a donné à la considération des ailes une prééminence sur, celle des parties de la bouche ; au lieu que dans ma méthode je donne, à la considération de la bouche des insectes une prééminence sur celle des ailes, ce qui change le placement des ordres, et conserve beaucoup mieux les rapports naturels dans le placement et la série des genres. Voici l'exposé de la distribution qu'il m'a paru convenable d'établir, et que je suis dans mes démonstrations au Muséum. CLEF DE LA MÉTHODE [Tableau non reproduit dans cette version] OBSERVATION. La considération de la bouche des insectes employée concurremment avec celle des ailes dans la distribution des insectes, et pour en déterminer les ordres, écarte avec raison les hémiptères des orthoptères, avec lesquels on avoit coutume de les confondre. ou de les associer. Cette disposition des ordres place d'ailleurs plus convenablement les lépidoptères ; car les abeilles qui terminent les hyménoptères, conduisent aux lépidoptères par les Sesies d'une manière frappante. Enfin l'emploi de toute autre considération forceroit de placer à côté des diptères d'autres ordres que les hémiptères et les aptères: cependant ce sont les seuls qui aient, comme les diptères, un suçoir reçu dans une gaine qu'on nomme tantôt bec et tantôt trompe ; ce qui établit entre ces insectes un rapport de première importance. ORDRE PREMIER. INSECTES COLEOPTÈRES. Caract. Bouche munie de mandibules et de mâchoires. Deux élytres durs, coriaces, joints l'un à l'autre par une commissure droite, et recouvrant pour l'ordinaire deux ailes membraneuses, pliées transversalement lorsqu'elles sont en repos. Larve vermiforme, ayant six pattes courtes et une tête écailleuse. Nymphe immobile. Les insectes qui composent cet ordre, et que M. Fabricius nomme eleuterata, sont ainsi que les lépidoptères, les plus nombreux et peut-être les plus connus de tous les insectes. Ces insectes ont une tête mobile, munie de deux antennes composées de dix ou onze articles assez distincts de deux grands yeux à réseau ; d'un chaperon applati, mutique ou épineux et d'une bouche dont les principales pièces sont, 1°. une lèvre supérieure qui manque quelquefois ; 2°. deux mandibules qui se meuvent transversalement ; 3°. deux mâchoires situées au-dessus des mandibules et qui se meuvent de même ; 4°. une lèvre inférieure ; 5°. quatre ou six antennules. Les petits yeux lisses manquent dans tous les insectes de cet ordre. Derrière le corselet des coléoptères, qui varie beaucoup dans sa figure, on voit un petit écusson qui manque quelquefois, et deux ailes membraneuses repliées sur elles-mêmes et cachées, lorsque l’animal ne vole pas, sous deux élytres presque toujours durs, coriaces et opaques. Quelques coléoptères n'acquièrent jamais d'ailes, mais leurs élytres, soit libres, soit connés, existent toujours. L'insecte parfait a six pattes articulées, attachées au thorax : deux à l'avant-poitrine et quatre à la poitrine. La larve des coléoptères ressemble à un ver mou, muni de six pattes courtes, d'une tête écailleuse et de mâchoires souvent très fortes. La nymphe des coléoptères ne prend point de nourriture et ne fait aucun mouvement ; mais toutes les parties extérieures de l'insecte parfait se montrent dans cette nymphe à travers la peau qui la recouvre. Je divise les genres nombreux de l'ordre des coléoptères en quatre sections d'après la considération du nombre des articles de leurs tarses. 1°.SECTION. - Cinq articles à tous les tarses. 2°. SECTION. - Cinq articles aux tarses des deux premières paires de pattes, et quatre à ceux de la dernière. 3°.SECTION.- Quatre articles à tous les tarses. 4°. SECTION. - Trois articles à tous les tarses. PREMIÈRE SECTION. CINQ ARTICLES À TOUS LES TARSES. [ A ] Antennes en massue lamellée ou feuilletée. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] SECONDE SECTION Cinq articles aux tarses des deux premières paires de pattes, et quatre à la dernière paire. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] TROISIEME SECTION. Quatre articles à tous les tarses. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SECOND. INSECTES ORTHOPTÉRES caract. Bouche munie de mandibules, de mâchoires, de lèvres et d'une galette recouvrant chaque mâchoire Deux élytres mous, presque membraneux, ne s'unissant point par leur bord interne eu une suture droite, et recouvrant deux ailes plissées longitudinalement en éventail. Larves conformées comme l'insecte parfait, mais n'ayant ni élytres ni ailes. La nymphe marche et mange. Les insectes orthoptères que Degeer avoit déjà distingués, furent considérés pat là C. Olivier comme présentant un ordre particulier bien distinct. II leur assigna le nom d'orthoptéres, mot composé, qui signifie ailes droites, parce qu'en effet presque tous les orthoptères ont les ailes droites plissées longitudinalement en manière d’éventail dans l’état de repos, au lieu de les avoir pliées transversalement comme dans les coléoptères. M.Fabricius ayant fixé son attention suc la petite pièce membraneuse, qu'il nomme galea (la galette), et qui se trouve placée à la partie extérieure des mâchoires entre celles-ci et les antennules antérieures, donna depuis aux insectes du même ordre, le nom d'ulonata. (Entom. t. 2, p. I.) Mais il n'y a aucun avantage pour la science à changer la dénomination établie en premier lieu par le C. Olivier. Linné confondoit, les insectes qui constituent l’ordre des orthoptères parmi ses hémiptères, malgré l'extrême différence qui se trouve, dans la bouche des insectes ces deux ordres; et Geoffroi en avoit fait une division des coléoptères, en les distinguant des autres coléoptères par la considération de leurs élytres mous, presque membraneux. Mais il est certain que les insectes dont il s'agit ne sont ni des coléoptéres ni des hémiptères, et qu'ils doivent former un ordre particulier. Ce qui caractérise principalement les orthoptères, c'est moins peut-être la manière dont les ailes sont pliées ou disposées dans l’état de repos, que la pièce particulière à la bouche de ces insectes, qu'on nomme galette, et en outre que l'espèce de métamorphose que ces mêmes insectes subissent. En effet leur larve et leur nymphe ressemblent presqu'entiérement à l'insecte parfait. Elles mangent et se meuvent de la même manière. Les seules différences qu'elles présentent, c'est que la larve n'a point d'ailes et qu'ensuite la nymphe, ne se distingue que par des moignons ou des rudimens d'ailes qui lui viennent sur le corselet. Cette sorte de métamorphose qui rapproche les orthoptères des insectes hémiptères, mais aussi qui leur est commune avec plusieurs névroptères, n'empêche pas que les véritables rapports qu'ont entr'eux tous ces insectes ne soient principalement recherchés dans la conformation de la bouche. Or, aux galettes près, la bouche des orthoptères est fort analogue à celle des coléoptères. Les insectes de cet ordre ont des antennes sétacées, ou filiformes, ou ensiformes ; deux grands yeux à réseau et trois petits yeux lisses le corselet assez grand, quelquefois très-prolongé ; et dans la plupart on n'apperçoit point d'écusson. Leurs pattes sont épineuses, et les postérieures dans un grand nombre de ces insectes sont renflées et leur servent à exécuter des sauts considérables. [non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE TROISIÈME. INSECTES NÉVROPTÈRES. Caract. Bouche munie de mandibules, de mâchoires et de lèvres. Quatre ailes nues, membraneuses, reticulées. Abdomen dépourvu d'aiguillon. Larve hexapode, différente de l'insecte parfait. Dans les deux ordres précédens les insectes ont, comme ceux-ci, la bouche munie de mandibules et de mâchoires; mais ils n'ont que deux véritables ailes, et ces ailes sont cachées sous des élytres plus ou moins coriaces. Ceux au contraire que comprend l'ordre des névroptères sont dépourvus d'élytres et ont quatre ailes véritables, nues, membraneuses, transparentes, souvent colorées et chargées de nervures qui forment une espèce de réseau ou de treillis. Ces ailes sont étendues, plus ou moins égales en grandeur, selon les genres et les espèces. La tête des névroptéres est pourvue de deux grands yeux à facettes, et en outre de trois petits yeux lisses disposés en triangle sur le vertex. Leur abdomen est très-alongé, et composé de plusieurs anneaux distincts. Il est terminé par deux ou trois soies en forme de queue dans les éphémères, et par des espèces des crochets dans les mâles des libellules et des myrmeleons. Tous les névroptères n'ont pas les mandibules également fortes et apparentes. Elles sont grandes dans les libellules, qui font la guerre aux autres insectes ; mais ces parties sont très-petites et presqu'imperceptibles dans les éphémères qui ne prennent aucune nourriture et qui ne passent à leur dernier état que pour s'accoupler, se reproduire, et périr bientôt après. Il me paroît que l'ordre des névroptères n'a pas été bien connu dans ses rapports avec les autres ordres par les entomologistes. Geoffroi l'a confondu avec les hyménoptéres. Linné qui, je crois, l'a établi le premier, le plaçoit entre les lépidoptères et les hyménoptères, quoiqu'il soit très-éloigné des premiers par les caractères importans des parties de la bouche, et il ne le distinguoit des hyménoptéres que parce que les névroptères n'ont point l'extrémité de l'abdomen armée d'un aiguillon. M. Fabricius, dans sa classe intitulée Synistata, (vol. 3, p. 63) associe les névroptères avec la forbicine et la podure, c'est-à-dire avec des animaux qui ne se métamorphosent point, et qui conséquemment ne sont pas même des insectes. Il me semble que la considération importante des parties de la bouche, qu'on doit employer au moins pour déterminer les ordres, indiquoit naturellement la nécessité de ne point écarter les uns des autres les coléoptères, les orthoptères, et les névroptères les insectes de ces trois ordres étant les seuls qui aient des mandibules et des mâchoires. Il me semble encore qu'après les coléoptères viennent indispensablement les orthoptères, et qu'après ceux-ci les névroptères doivent suivre de toute nécessité. D'ailleurs la transition naturelle des orthoptères aux névroptères par les spectres et les libellules est extrêmement frappante ; car ces deux genres d'insectes, quoique de deux ordres différens, ont des rapports remarquables par le caractère de la bouche, par la forme alongée de leur abdomen, et ce qui est plus important, par leur nymphe qui, de part et d'autre, marche et mange. Les larves des névroptères sont munies de six pattes situées dans leur partie antérieure. La plupart vivent dans l'eau, et n'en sortent que sous l'état d'insecte parfait. Les autres vivent dans les champs : parmi celles-ci les unes habitent sur les arbres et font la guerre aux pucerons; quelques autres, cachées dans le sable, sont occupées à tendre des pièges aux fourmis. Toutes sont carnassières et vivent uniquement de proie. L'ordre des névroptères peut être divisé en trois sections, d'après la considération du nombre d'articles des tarses. Il comprend onze genres dont nous allons faire l'exposition. PREMIERE SECTION. Deux ou trois articles aux tarses. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] DEUXIEME SECTION. Quatre articles aux tarses. [non reproduit] TROISIEME SECTION. Cinq articles aux tarses. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE QUATRIEME. INSECTES HYMÉNOPTERES. caract. Bouche munie de mandibules et d'une espèce de trompe formée par le prolongement des mâchoires et de la lèvre inférieure. Quatre antennules. Trois petits yeux lisses. Quatre ailes nues, membraneuses, veinées irrégulièrement. Anus de la plupart des femelles armé d'un aiguillon. Cinq articles aux tarses. Larve vermiforme, sans pattes ou avec des pattes nombreuses. Nymphe immobile. Il n'y a point encore de véritable trompe dans les insectes de cet ordre, mais seulement un prolongement plus ou moins considérable dans la lèvre inférieure et dans les deux mâchoires. En sorte que ces parties se réunissant dans leur action, font réellement les fonctions d'une trompe ou d'un suçoir. On sent donc que les hyménoptères ne doivent pas être écartés des névroptères, qu'ils doivent les suivre immédiatement, et même qu'ils forment une transition naturelle des insectes munis de mandibules et de mâchoires à ceux qui n'ont plus qu'un suçoir soit à nu, soit accompagné d'une gaine pour le recevoir. Les insectes hyménoptères ont de si grands rapports avec les insectes névroptères, que Geoffroi les réunissoit et en formoit une classe sous le nom d'insectes tétraptères à ailes nues. Mais Linné et plusieurs autres entomologistes les ont, avec raison, distingués, et en ont formé deux ordres : savoir, les névroptères mentionnés ci-dessus, et les hyménoptères dont je vais faire l'exposition. Les hyménoptères que M. Fabricius nomme piezata, ont quatre ailes nues, membraneuses, et d'inégale grandeur; les inférieures étant constamment plus courtes et plus petites que les deux supérieures. Les unes et les autres sont chargées de nervures longitudinales peu nombreuses, et qui se joignent obliquement sans former de véritable réticulation, comme dans celles des névroptères. Dans la plupart des hyménoptères, l'anus des femelles est armé d'un aiguillon que l'insecte tient en général caché dans l'extrémité de l'abdomen, et dont il se sert au besoin. Les mâles en sont toujours dépourvus. La bouche de ces insectes est armée de deux mandibules, et au lieu de mâchoires, ces insectes ont une espèce de trompe formée par l'union des mâchoires avec la lèvre inférieure qui est plus ou moins prolongée. Les entomologistes lui donnent le nom de langue. Par le moyen de cette fausse trompe, les hyménoptères sucent le suc mielleux des fleurs et des fruits. Elle est assez longue dans les uns ; mais dans les autres elle est courte et presqu'imperceptible. Les hyménoptères sont en général du nombre des insectes qui présentent les particularités les plus remarquables par leurs moeurs, leurs habitudes naturelles, et quelquefois par des faits singuliers d'organisation. Il y en a qui vivent en société avec une police admirable, et qui font des ouvrages étonnans par leur composition et par leur régularité. Parmi eux l'on trouve, outre les mâles et les femelles, des individus qui ne jouissent d'aucun sexe, et qui semblent seulement destinés au travail et à avoir soin des petits. On rencontre souvent des insectes de cet ordre qui n'ont point d'ailes, et même qui n'en acquièrent jamais; comme dans les fourmis, les mutiles, &c. Mais cette exception ne porte que sur les individus qui n'ont point de sexe et qu'on nomme mulets. Ils n'en subissent pas moins une véritable métamorphose. Cela néanmoins n'est pas général; car les individus sans sexe parmi les abeilles n'en sont pas moins ailés. Le C. Latreille pense que les individus sans sexe de l’ordre des hyménoptères ne sont que des femelles sans ovaires; c'est-à-dire dont l'ovaire est avorté. Je divise les hyménoptères en deux sections, d'après la considération de l'abdomen sessile ou pédiculé. La deuxième section étant plus nombreuse en genres, est partagée en trois sous-divisions. PREMIÈRE SECTION. ABDOMEN SESSILE. Il est appliqué au corselet pour toute sa largeur. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] DEUXIEME SECTION. ABDOMEN PÉDICULÉ. Il tient au corselet par un filet, ou par un point, ou par un étranglement. [A] Bouche courte. Une tarrière en dehors pour les femellles. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [B] Bouche courte.Point de tarrière dans les femlles, mais un aiguillon piquant caché dans l'abdomen. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [C] Bouche prolongée en manière de trompe. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [ non reproduit] ORDRE CINQUIÈME. INSECTES LÉPIDOPTÈRES. caract. Bouche munie d'un suçoir de deux pièces, nu, imitant une trompe tubuleuse, et roulé en spirale dans l'inaction. Deux ou quatre antennules. Quatre ailes membraneuses, recouvertes d'écailles colorées, peu adhérentes, semblables à une poussière fine. Larve vermiforme, munie de huit à seize pattes. Nymphe immobile. Cet ordre comprend une série extrêmement nombreuse d'insectes bien caractérisés par leur bouche et leurs ailes ; fort intéressans par les particularités de leurs métamorphoses ; connus en général sous le nom de papillons ; et très-diversifiés par leur forme, leur grandeur, et sur-tout par la beauté, l'éclat et l’admirable variétés des couleurs dont la nature les a ornés. Dans l’état parfait, ces insectes ont quatre ailes étendues, mais couvertes plus ou moins complètement de très-petites écailles ovales ou alongées, découpées en leur bord et un peu imbriquées c'est-à-dire disposées en recouvrement les unes à la suite des autres comme les tuiles d'un toit. Ces écailles sont implantées par une espèce de pédicule, et se détachent avec facilité au moindre frottement. La bouche de ces insectes n'a ni mandibules ni mâchoires ; mais elle est munie d'un suçoir nu, qui ressemble à une trompe, auquel on a donné le nom de langue (Lingua spiralis) et que l’animal resserre en le roulant en spirale lorsqu'il n'en fait pas usage. Ce suçoir, qui varie dans sa longueur selon les genres, est placé entre deux antennules. Il est composé de deux pièces ou lames linéaires convexes en dehors, concaves en dedans, et qui par leur réunion forment un tube ou cylindre creux, propre pour laisser passer le suc mielleux des fleurs dont les insectes de cet ordre se nourrissent. Leur tête est pourvue de deux antennes filiformes, ou sétacées, ou pectinées, ou prismatiques, ou enfin terminées en massue. Les yeux sont grands et à réseau. Les trois petits yeux lisses sont difficiles à appercevoir, à cause des poils dont la tête et le corps de ces animaux sont pourvus. Comme dans tous les autres insectes parfaits les pattes sont au nombre de six, elles ont le tarse divisé en cinq pièces, dont la dernière est terminée par deux onglets très petits. La larve des lépidoptères est, connue sons le nom de Chenille. Elle est vermiforme molle, charnue, tantôt glabre, tantôt hérissée de poils ou de piquans, et a constamment six pattes écailleuses, avec des pattes membraneuses dont le nombre varie de deux à dix. Sa bouche est armée de fortes mandibules et de mâchoires qui portent les antennules. C'est avec ces organes que les chenilles rongent les feuilles, les fleurs, les fruits des végétaux, les étoffes de laine, les pelleteries, &c. A la partie inférieure de la bouche on découvre un petit trou auquel on a donné le nom de filière trou par lequel la larve fait sortir la liqueur filante qui, en se desséchant à l'air, forme la soie dont se sert la larve pour se suspendre, ou pour construire sa coque lorsqu'elle veut se métamorphoser. Les chenilles, ainsi que la plupart des larves des autres insectes, changent plusieurs fois de peau avant de se métamorphoser. Ces sortes de mues leur font éprouver alors, une espèce de maladie qui quelquefois les fait périr. A l’approche de ce moment critique, elles cessent de manger, perdent leur activité ordinaire, paroissent languissantes, se fixent, et finissent par exécuter cette opération laborieuse. La plupart des chenilles n'ont que trois ou quatre de ces mues à subir pendant la durée de leurs développemens ; il y en a néanmoins qui changent de peau jusqu'à huit et même neuf fois. Lorsque les chenilles ont pris tout leur accroissement et que le temps de leur métamorphose approche, elles quittent souvent les plantes sur lesquelles elles ont vécu, choisissent des lieux commodes pour y subir lent transformation, s'y fixent, et cessent de prendre de la nourriture. Elles se vident entièrement, et rejettent même jusqu'à la membrane qui double leur estomac et leur canal intestinal. Alors celles qui savent se filer des coques, se mettent à y travailler, et s'y renferment comme pour se mettre à l'abri des impressions de l'air. A mesure qu'elles exécutent cette étonnante opération, on les voit dans cette enveloppe se courber, se raccourcir, se déformer, se dégager enfin du fourreau de chenille, et se trouver dans l'état particulier d'un corps ovale-conique, immobile, à peau dure ou coriace. Elles prennent alors le nom de chrysalide ou de nymphe, à cause de leur forme singulière. On peut dire que la chrysalide n'est autre chose qu'un papillon imparfait et emmailloté, lequel préexistoit déjà dans la chenille. Cette chrysalide semble être aussi une espèce d'oeuf, dans lequel le papillon achève de se développer et de perfectionner ses parties. II y reste jusqu'à ce qu'il soit entièrement formé et qu'une douce chaleur l’invite à en sortir. En effet, averti par l'instinct qu'il a acquis assez de force pour rompre ses fers, il fait un puissant effort qui lui ouvre une seconde fois les portes de la vie, et qui lui fait voir la lumière avec des yeux dont il avoit été jusqu'alors privé. Au moment même où le jeune papillon quitte sa chrysalide, c'est-à-dire la dernière des enveloppes qui le recouvroient, tous ses organes deviennent plus sensibles, et prennent bientôt l’extension qui leur convient. Ses ailes qui d'abord ne paroissent presque pas, sont alors plissées, chiffonnées ou repliées sur elles-mêmes et encore couvertes de l'humidité du berceau ; mais dès qu'elles sont à l'air libre, les liqueurs et les fluides subtils qui doivent circuler dans leurs canaux, s'élançant avec rapidité, les forcent bientôt à s'étendre ; à moins que quelque cause accidentelle ne s'y oppose, et n'expose ces parties à être surprises par la sécheresse, à manquer leur développement, et à rester imparfaites et incapables de servir. C'est ainsi que tous les papillons sortent de leur état de nymphe ou de chrysalide, et qu'ils subissent la métamorphose la plus étonnante qu'on connoisse parmi les êtres vivans. Ces animaux ne faisant dans leurs mutations diverses que retirer leurs nouveaux organes des anciens qui les recouvroient, il semble que chacun d'eux soit en quelque sorte un être multiple ou un composé de plusieurs corps différens, renfermés les uns dans les autres, qui se développent et paroissent au jour successivement. Parvenu à l'état d'insecte parfait, le lépidoptère ne conserve plus rien de son premier état. Figure, organe, manière de vivre, industrie, mouvement, tout est changé ; en sorte que l’animal qui commença par être chenille, par ramper comme un ver, par brouter la plus grossière nourriture, se trouve après sa métamorphose transformé en un animal nouveau dans sa forme et dans toutes ses parties, orné des plus belles couleurs, ailé, très-agile, et qui, en quelque sorte ne tenant plus à la terre, voltige presque sans cesse, ne se nourrit que du miel des fleurs, et semble ne connoître que le plaisir. Division des lépidoptères. L'ordre des lépidoptères n'a été divisé qu'en trois genres par Linnéus : savoir, en papillon, sphinx et phalène. Les entomologistes jusqu'à présent ont conservé le premier de ces genres, celui du papillon ; et comme il est très nombreux en espèces, ils se sont contentés de le sous-diviser en plusieurs sections. Quant aux genres sphinx et phalène de Linnéus ; ils les ont partagés en un plus grand nombre de genres particuliers. Nous les avons imités à cet égard, sans adopter néanmoins la totalité des genres qu'ils ont établis. Voici les genres des lépidoptères, rangés dans l'ordre particulier que j'établis parmi eux. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SIXIÈME. INSECTES HÉMIPTÈRES. Caract. Bec aigu, articulé, recourbé sous la poitrine, servant de gaine à un suçoir de trois soies. Point d'antennules. Deux ailes cachées sous des élytres membraneux ou demi-membraneux, le plus souvent croisés. Larve hexapode, semblable à l’insecte parfait, mais sans ailes. La nymphe marche et mange. Dans les insectes de l’ordre précédent, la bouche, comme on l’a vu, n'offre ni mandibules ni mâchoires, mais seulement un suçoir nu et de deux pièces, qu'il a plu aux entomologistes de nommer langue. Dans les insectes hémiptères le caractère de la bouche est encore plus singulier ; car non-seulement la bouche de ces insectes n'a ni mandibules ni mâchoires, mais son suçoir qui est de trois pièces, est accompagné d'un bec articulé, aigu, recourbé sous la poitrine et qui lui sert de gaine. Ce bec singulier est composé de deux à cinq articulations ; et les trois pièces du suçoir sont des soies fines, roides et aiguës, qui composent en se réunissant, un tube grêle que l'insecte introduit dans les vaisseaux des animaux ou des plantes pour en extraire les fluides qui peuvent le nourrir. Au lieu de quatre ailes, les insectes de cet ordre n'en ont réellement que deux qui soient propres au vol. Elles sont cachées sous deux élytres, tantôt partiellement membraneux et très-différens des ailes, et tantôt entièrement membraneux et semblables aux ailes. Il en résulte que les insectes hémiptères qui ont les élytres entièrement membraneux, comme les cigales, &c. paroissent munis de quatre ailes ; car les deux élytres de ces insectes sont transparens comme des ailes nues et en ont tout-à-fait l’apparence. Au lieu que les hémiptères qui ont les élytres partiellement membraneux, c'est-à-dire en partie durs, coriaces et opaques, comme les punaises, &c. semblent par là se rapprocher des orthoptères. Aussi Linnéus a-t-il confondu ces deux ordres en un seul, malgré l'extrême différence des caractères de la bouche des insectes qui les composent. Les entomologistes maintenant sont bien convaincus de la nécessité de conserver comme deux ordres distincts les hémiptères et les orthoptères. Mais plusieurs d'entr'eux pensent que ces deux ordres doivent être rangés l'un à coté de l'autre, à cause de l'analogie de la métamorphose des insectes qu'ils comprennent. Quant à moi, je crois que cela ne doit pas être ainsi ; car outre qu'il n'y a entre les orthoptères et les hémiptères aucun rapport dans les parties de la bouche, le bec et le suçoir des hémiptères les rapprochent si naturellement des diptères, qu'il seroit très-inconvenable, selon moi, de les en écarter. Je divise les hémiptères en deux sections, d'après la considération du nombre des articles des tarses. PREMIÈRE SECTION. Trois articles aux tarses. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SEPTIÈME. INSECTES DIPTÈRES. Caract. Trompe simple, de figure variable, servant de gaine à un suçoir. Deux antennules à la base de la trompe. Deux ailes découvertes, nues, membraneuses, veinées. Deux balanciers. Larve apode. Nous voilà parvenus à un ordre qui comprend des insectes qui n'ont que deux ailes sans élytres, tandis que les insectes qui composent les six ordres précédens ont ou quatre ailes membraneuses, soit écailleuses, soit nues, ou deux ailes recouvertes par des élytres. Comme la nature ne passe guère brusquement d'un ordre à l’autre, mettant pour ainsi dire en contact des êtres fortement différenciés par leurs caractères, nous ferons remarquer que dans les insectes des derniers genres de l’ordre des hémiptères les élytres ne sont plus distingués des ailes, et que même dans l'un de ces genres (la cochenille) les élytres avortent généralement et ne se montrent plus. Les deux ailes des diptères sont nues, membraneuses, veinées, étendues et posées ordinairement sur un plan horizontal le long de la partie supérieure de l'abdomen. Sous la base de chaque aile on voit une petite pièce mobile, constituée par un filet que termine un bouton arrondi. Ces deux petites pièces semblent tenir lieu des deux autres ailes qui manquent. On leur a donné le nom de balanciers, et de-là on a pris occasion de nommer halterata les insectes qui appartiennent à l'ordre des diptères. Maintenant M. Fabricius les nomme antliata. Au-dessus des deux balanciers que nous venons d'indiquer, on remarque le plus souvent deux petites écailles membraneuses, minces, élargies et en forme de cuiller. On leur a donné le nom de cuilleron à cause de leur forme. La plupart de ces cuillerons ressemblent chacun au commencement d'une aile qui auroit été tronquée près du corselet. La bouche des diptères est une trompe simple, non articulée, et dont la figure varie dans les différens genres. Elle est en général coudée, bilabiée à son extrémité, et forme une espèce de gaine, creusée en gouttière à sa partie supérieure pour recevoir les filets trés déliés qui constituent le suçoir. Quelquefois la trompe dont il s'agit est dure et très-peu contractile ; mais plus souvent c'est un corps membraneux, flexible, creux en dedans, avec une fente longitudinale dans sa partie supérieure, et ouvert par le bout qui offre deux lèvres renflées. Cette trompe membraneuse peut se gonfler, se dilater, s'alonger, se raccourcir et s'appliquer aux différens corps. Les filets très-déliés qui composent le suçoir sont situés dans la cannelure plus ou moins profonde de la trompe. L'insecte les plonge dans la chair des animaux pour en sucer le sang, ou bien il s'en sert pour sucer le miel des fleurs et les matières liquides sucrées. La tête des diptères est unie au corselet par un col court et délié. Elle tourne sur le corselet comme si elle étoit soutenue par un pivot. Cette tête est munie de deux antennes ordinairement très-courtes, et composées d'un petit nombre d'articles. Elle offre deux grands yeux à réseau, et en outre deux ou trois petits yeux lisses. Les larves des diptères n'ont point de pattes, et en cela se rapprochent naturellement des vers : aussi ces larves sont-elles forcées de ramper. Je divise les diptères en deux sections d'après la considération de la longueur et de la saillie de la trompe. PREMIERE SECTION. Trompe toujours saillante. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIEME SECTION. Trompe retirée dans l'inaction ou nulle. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE HUITIÈME INSECTES APTÈRES. Caract. Trompe articulée, renfermant un suçoir d'une ou plusieurs soies. Jamais d'ailes ni d'élytres dans les deux sexes. Larve apode et vermiforme. Nymphe immobile, se métamorphosant dans une coque. L'ordre des aptères que nous présentons ici n'a rien de commun avec les aptères des autres naturalistes, car ils introduisirent parmi leurs aptères des animaux qui ne se métamorphosent jamais, c'est-à-dire qui naissent sous la forme qu'ils doivent toujours conserver, et qui conséquemment ne sont point de véritables insectes. (Voyez notre classe des crustacés, p. 145, et celle des arachnides, p. 171) Les aptères dont il s'agit ici sont réellement des insectes, puisqu'ils subissent de véritables métamorphoses, qu'ils naissent dans l’état de larve, qu'ensuite ils se changent en nymphe, et qu'enfin ils parviennent à l'état parfait dans lequel ils ont, comme tous les autres insectes, deux antennes, deux yeux, et six pattes articulées. Les insectes de cet ordre n'ont jamais d'ailes ni d'élytres dans les deux sexes, et tous leurs congénères sont nécessairement dans le même cas. On ne connoît encore qu'un seul genre qui appartienne réellement à l'ordre des aptères. Le voici : c'est en même temps le dernier de tous ceux qui composent la classe immense des insectes. [non reproduit] TABLEAU DES VERS [Tableau non reproduit dans cette version] CLASSE CINQUIEME. [la 9e du règne animal] LES VERS. Caract. Corps mou, alongé, à tête cohérente, sans distinction de corselet, articulé nu à rides transverses, n'ayant point de pattes articulées et ne subissant point de métamorphose. Organis. Une moelle longitudinale, et des nerfs dans la plupart. Respiration par des trachées dans les uns, et par des branchies externes dans les autres. Les vers, proprement dits, sont des animaux sans vertèbres, à corps alongé, mou, éminemment contractile, articulé ou partagé par des rides transverses plus ou moins distinctes, et à tête cohérente, c'est-à-dire unie intimement au corps. Ils n'offrent ni corselet distinct, ni pattes articulées, et ne subissent point de métamorphose. Ces animaux sont encore plus imparfaits ou plus simplement organisés que les insectes, puisqu'ils n'ont jamais de pattes articulées, ni même de véritables pattes ; que la plupart sont sans yeux ; que leur tête n'est jamais libre ; que souvent même on ne sauroit la distinguer ; et qu'enfin leur thorax ou corselet est tout-à-fait confondu avec le reste du corps. Ces mêmes animaux n'ont ni cerveau ni coeur, et dans la plupart, le principal de leurs fluides n'est qu'une sanie blanchâtre, rarement colorée en rouge, qu'on ne sauroit regarder comme un véritable sang, mais qui en tient lieu. Quoique plusieurs vers aient des vaisseaux qui paroissent destinés à transmettre leurs fluides, aucun d'eux néanmoins n'est muni d'un système complet de circulation ; puisqu'ils manquent tous de l'organe qui en est le moteur essentiel,c'est-à-dire de coeur. La base de leur système de sensibilité réside dans un cordon médullaire noueux qui, semblable à celui des insectes, règne dans toute la longueur de leur corps ; mais tous n'en sont pas bien distinctement pourvus. Il n'y a qu'un petit nombre de vers qui aient des yeux ; la plupart en sont totalement privés. Ceux qui vivent dans l'eau ou dans des matières continuellement humides, ont à l'extérieur des branchies membraneuses ou en panache ou en filamens sétacés, qui sont les organes de leur respiration. Les autres respirent par des trachées, comme les insectes, et ont de même des stigmates placés sur les côtés du corps. Tous les vers rampent on s'avancent en contractant successivement toutes les parties de leur corps, cramponant ensuite certaines de ces parties par leurs rides transverses, et alongeant après cela celles qui ne sont pas fixées. Les espèces qui sont munies sur les côtés de cils, de soies ou même d'épines, s'en servent pour s'aider dans le mouvement ondulatoire de leur corps lorsqu'il rampe ou qu'il nage. Les vers sont ovipares, et ont éminemment la faculté de régénérer leurs parties tronquées. Il y en a même qui, étant coupés en deux, parviennent à réparer et à cicatriser l’extrémité tronquée de chaque portion de leur corps, en sorte qu'il en résulte deux individus qui vivent séparément. Cette dernière faculté, assurément bien étonnante, et dont on ne trouve aucun exemple dans les animaux des classes précédentes, et sur-tout dans les animaux à vertèbres, devient très-éminente dans les animaux qui composent la dernière classe du règne animal, dans ceux en un mot qui sont le plus simplement organisés. Il y a des vers constamment nus et qui vivent soit dans le corps de différens animaux, soit dans le sein des eaux ou de la terre. D'autres habitent dans des fourreaux des tubes qu'ils se sont construits, soit avec les matières de leur propre transudation, soit en agglutinant avec ces matières différens corps autour d'eux. Ceux qui vivent dans des tubes n'y sont pas attachés comme les mollusques testacés dans leur coquille, car ils en sortent et y rentrent quand il leur plaît. On a donné à un grand nombre d'animaux de cette classe le nom de vers intestins parce qu'ils naissent et vivent uniquement dans le corps même des animaux en qui on les trouve et que jamais on ne les rencontre ailleurs. L'étude et la connoissance de ces vers intestins sont d'un si grand intérêt, sur-tout pour l'homme qui se dévoue à l'art de guérir, qu'il est étonnant qu'on les ait jusqu'à présent autant négligés. En effet, il est certain et bien reconnu que différentes espèces de vers naissent, vivent et se multiplient par-tout dans le corps des autres animaux ; que celui de l'homme n'en est nullement garanti ; que ces vers affectent cruellement les animaux en qui ils habitent, en irritant et même dévorant leurs organes intérieurs ; qu'ils les affoiblissent et les font promptement dépérir en consumant leur substance et les sucs les plus utiles de leur corps ; qu'enfin ils occasionnent diverses maladies d'autant plus dangereuses, que très-souvent on en méconnoît la cause. Ces vers parasites se logent par-tout dans l'intérieur des animaux aux dépens desquels ils vivent. Les uns habitent par préférence dans l'estomac et dans les intestins ; les autres sont logés dans les vaisseaux ; d'autres dans le tissu cellulaire et dans le parenchyme des viscères les mieux revêtus. Enfin il en est qui se plaisent dans les cavités nasales et dans la gorge ; d'autres, en un mot, se fixent dans l'épaisseur des tégumens, sous les cornes, sous l'ongle, &c. Il paroît qu'il n'y a aucun animal qui n'en nourrisse une ou plusieurs espèces, et beaucoup en contiennent qui leur sont tout-à-fait propres. Maintenant que la classe des vers a subi la réforme qui pouvoit circonscrire ses véritables limites, je crois qu'il est nécessaire de diviser cette classe d'après la principale considération des lieux qu'habitent en général les animaux qui la composent. Si cette division n'est pas la plus naturelle, ce qui n'est pas bien décidé, c'est du moins la plus utile ; parce qu'elle isole mieux les vers intestins, qu'il est très-important de bien connoître, et qu'elle en rend l’étude plus facile. Mais outre ce motif, je crois que cette division est encore la plus naturelle ; car je me crois fondé à dire que les vers intestins sont plus imparfaitement ou plus simplement organisés que les autres vers. D'ailleurs ce qui concerne leur origine est si singulier, si peu connu, que je pense qu'on ne sauroit se dispenser d'en faire un ordre à part. C'est le parti que j'ai pris dans mes leçons au muséum. En conséquence, je divise les vers en deux ordres, savoir : Premier ordre. Les vers externes. Ils naissent et vivent habituellement dans la terre ou dans les eaux. Deuxième ordre. Les vers intestins. Ils naissent et vivent uniquement dans le corps des animaux vivans. ORDRE PREMIER VERS EXTERNES. Ils naissent et vivent habituellement, dans la terre ou dans les eaux. L'organisation essentielle des vers externes est sans doute différente de celle des vers intestins, puisqu'on ne trouve jamais ces derniers hors des lieux qui leur sont destinés par la nature. Si quelques vers externes se rencontrent quelquefois dans le corps ou dans quelque partie du corps des autres animaux, on sait qu'ils n'y sont pas nés et qu'ils ne s'y sont introduits qu'à la faveur de certaines circonstances. Ces vers sont réellement plus composés ou moins simplement organisés que les vers intestins, car leur système nerveux est plus perceptible ; c'est parmi eux qu'on trouve encore des vaisseaux pour le transport des fluides ; plusieurs ont encore des yeux très-distincts, des mâchoires cornées ou osseuses, et la plupart ont des branchies externes pour la respiration qui sont très-remarquables. Je partage les vers externes en deux sections de la manière suivante. PREMIERE SECTION. Corps muni d'organes extérieurs. [ A ] Ceux qui ont des branchies externes en houppes, ou en panache, ou en crêtes. [*] Vivant vaguement dans les eaux ou dans la terre. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] [**] Vivant habituellement dans des tubes. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] [B] Ceux qui sont dépourvus de branchies externes. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] DEUXIEME SECTION. Corps dépourvus d'organes extérieurs. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SECOND VERS INTESTINS Ils naissent et vivent uniquement dans le corps des autres animaux. Ces vers sont extrêmement nombreux, et l'on remarque qu'il n'est presqu'ancun animal qui n'en nourrisse une ou plusieurs espèces qui souvent lui sont particulieres. Ils ne se sont pas introduits du dehors dans le corps des animaux où ils vivent ; car si cela étoit, on en rencontreroit quelquefois hors du corps des animaux, et cela n'arrive jamais. On ne doit pas dire pour cela que ces vers sont innés dans les animaux mêmes qui en sont munis : ce seroit contraire à la marche connue de la nature. Il est vrai qu'on a trouvé des vers intestins dans des enfants nouvellement nés et même dans des foetus ; mais ce fait n'indique autre chose si ce n'est que les germes de ces vers, ou au moins leurs oeufs, existoient déjà dans l'embryon, et qu'ils se sont développés avec lui ou peu de temps après lui. Mon opinion à cet égard est que les oeufs ont pu être apportés à l'embryon avec les fluides mêmes qui l'ont formé ou qui ont servi à ses premiers dévéloppemens. Le ver qui a déposé ces oeufs, a pu se féconder lui-même ou recevoir d'un autre la fécondation, sans accouplement mais par l'intermède des milieux environnans. Cette sorte de fécondation est connue par des exemples nombreux dans la nature. Ainsi il est certain que différentes espèces de vers, formant un ordre remarquable, naissent, vivent et se multiplient uniquement dans le corps des autres animaux ; et l'on sait que celui de l'homme n'en est nullement excepté. On sait aussi que ces vers affectent plus ou moins les animaux dans lesquels ils vivent et que souvent ils leur occasionnent diverses maladies qui sont quelquefois très-dangereuses. Je divise l'ordre des vers intestins en trois sections, de la manière suivante : PREMIERE SECTION. Corps applati FASCIOLE. LIGULE. LINGUATULE. TAENIA. DEUXIEME SECTION. Corps vésiculeux. HYDATIDE. TROISIEME SECTION Corps cylindracé ECHINORINQUE. TENTACULAIRE. MASSETTE. GÉROFLÉE STRONGLE. CUCULLAN. TRICHURE. ASCARIDE. FISSULE. CRINON. PROBOSCIDE. FILAIRE. PREMIERE SECTION. Corps applati. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [non reproduit] DEUXIEME SECTION. Corps totalement ou en partie vésiculeux. [non reproduit] [non reproduit] TROISIEME SECTION. Corps cylindracé. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] TABLEAU DES RADIAIRES [Tableau non reproduit dans cette version] CLASSE SIXIEME. [la 10e du règne animal] LES RADIAIRES. Caract. Corps libre, dépourvu de tête, d'yeux et de pattes articulées, et ayant une disposition à la forme étoilée ou rayonnante dans ses parties. Bouche inférieure. Organis. Point de cerveau ni de moelle longitudinale, et rarement apparence de nerfs. Quelques organes intérieurs autres que le canal intestinal. Nous voici parvenus évidemment à un degré encore plus bas que celui où les vers sont placés. En effet, les radiaires, que je nomme ainsi parce que dans la plupart les organes internes de ces animaux sont disposés en manière de rayons, les radiaires, dis-je, sont toutes dépourvues de tête, d'yeux et de moelle longitudinale ; et que ce n'est dans un petit nombre qu'on observe quelqu'apparence de nerfs, c'est-à-dire quelques indices légers de leur existence. Ils manquent aussi de centre de circulation, et n'ont pas même ce vaisseau longitudinal qu'on trouve dans les insectes et qui paroît aussi exister dans les vers proprement dits, ou au moins dans plusieurs d'entr'eux. Cependant, relativement à la complication de l'organisation, les radiaires sont encore d'un degré au-dessus des polypes qui constituent la dernière classe du règne animal ; car leur organisation est réellement moins simple : or, il n'est nullement convenable de les confondre sous aucune considération quelconque ; aussi il y a long-temps que je distingue ces deux classes dans mes leçons au Muséum. En effet, les radiaires offrent encore, outre les organes digestifs (tels qu'une bouche souvent armée de dents, un estomac, et souvent aussi un anus distinct de la bouche), elles offrent, dis-je, des organes particuliers qui paroissent appartenir les uns à la respiration et les autres à la génération de ces animaux. Les premiers sont constitués par des tubes souvent très-ramifiés, pinnés ou dendroïdes, destinés sans doute à recevoir continuellement l'eau, et à en séparer l'air avant de la rejeter. Les seconds sont des ovaires de diverses formes. Tous les animaux de cette classe sont libres, et vivent dans la mer. Toutes celles de leurs parties externes qui ne sont pas solides, sont très contractiles. En général ces animaux paroissent doués de peu de sensibilité ; mais leurs parties molles sont fort irritables. Je divise cette classe en deux ordres, savoir 1°. En Radiaires échinodermes. 2°. En Radiaires molasses ORDRE PREMIER. RADIAIRES ÉCHINODERMES : Elles ont le corps couvert d'une peau opaque, crustacée ou coriace, et parsemée dans la plupart, d'épines articulées, et de tentacules ou de suçoirs tubuleux très rétractiles. Dans l'intérieur, elles ont un organe respiratoire, des ovaires distincts ; et presque toujours leur bouche est armée de cinq dents. Les radiaires échinodermes, que Bruguiéres distinguoit et nommoit vers échinodermes, étoient auparavant confondues par Linné parmi les mollusques. Elles en diffèrent fortement néanmoins, non-seulement par leur organisation intérieure qui est bien moins composée puisqu'elles n'ont point de système de circulation, qu'elles manquent de cerveau, &c.&c. mais encore par la peau crustacée ou coriace de leur corps, et parce que dans la plupart cette peau est parsemée à l'extérieur d'épines articulées, qui se meuvent au gré de l'animal comme des pieds, et de tentacules ou de petites cornes tubuleuses, très-nombreuses, rétractiles, souvent rangées avec symétrie par lignes régulières, et qui paroissent les organes extérieurs de la respiration de ces animaux. Les animaux dont il s'agit se distinguent des mollusques testacés et des polypes à rayons coralligénes en ce qu'ils ne sont point enfermés dans un test distingué de leur peau, avec la faculté d'en sortir, au moins en partie, et d'y rentrer complètement. Leur peau, à la vérité, a une consistance plus ou moins ferme, coriace, crustacée et même presque solide ou crétacée ; mais c'est toujours leur peau, et aucune des parties de leur corps ne s'en sépare. On ne peut donc convenablement dire que c'est une vraie coquille. Enfin la bouche des radiaires échinodermes, située presque constamment dans la face inférieure de leur corps, c'est-à-dire dans celle qui est tournée vers la terre, est armée de cinq dents disposées en cercle, et communique immédiatement à l'estomac, qui est au centre de l'animal dans le plus grand nombre. Les radiaires échinodermes sont toutes marines, ovipares, et ont la faculté de régénérer les parties de leur corps qui ont été coupées ou rompues. Je partage ces animaux en trois familles ou sections particulières, de la manière suivante. 1°. Les ÉCHINIDES. Radiaires échinodermes à corps court, et qui ont l'anus distinct de la bouche. 2°. Les STELLERIDES. Radiaires échinodermes à corps court, et dont l’anus est confondu avec la bouche. 3°. Les FISTULIDES. Radiaires échinodermes à corps alongé, cylindracé, fortement contractile. PREMIERE SECTION. Radiaires échinodermes dont le corps est court, ventru ou déprimé, souvent plus large que long, et qui ont l'anus distinct de la bouche. LES ECHINIDES. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIEME SECTION. Radiaires échinodermes dont le corps est court, déprimé, et dont l'anus est confondu avec la bouche. [non reproduit] [non reproduit] TROISIEME SECTION. Radiaires échinodermes à corps alongé, cylindracé, fortement contractile. [non reproduit] [non reproduit] ORDRE SECOND. RADIAIRES MOLASSES. Elles ont le corps complètement ou partiellement gélatineux ; la peau molle, transparente ; et dépourvue d'épines. Point de dents à la bouche. Aucune apparence de nerfs. Depuis long-temps j'insiste dans mes cours, contre l'opinion de quelques naturalistes, pour réunir dans une classe particulière, qui doit être placée entre les vers et les polypes, non-seulement les vers échinodermes de Bruguières, mais encore plusieurs genres d'animaux gélatineux qui ont, en général, une disposition dans leurs parties à la forme orbiculaire ou rayonnante, et dont l'organisation plus simple que celle des vers, est néanmoins plus composée que celle des polypes. Linné confondoit tous ces animaux avec ceux de son ordre des vers mollusques ; mais l'organisation des animaux sans vertèbres maintenant mieux connue, ne permet pas de laisser subsister de pareils rapprochemens. Les radiaires molasses dans lesquelles on ne retrouve ni système de circulation distinct, ni organes particuliers de sensibilité, paroissent néanmoins posséder encore quelques organes qui sont distincts de ceux qui servent à la digestion de ces animaux. Ainsi on ne sauroit les éloigner des échinodermes, ni les confondre avec les polypes. Voici les genres qui me semblent pouvoir être rapportés à cet ordre. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] TABLEAU DES POLYPES [Tableau non reproduit dans cette version] CLASSE SEPTIEME. [la 11e du règne animal] LES POLYPES. Caract. Corps mou, le plus souvent gélatineux, dépourvu de tête et d'yeux, et n'ayant ni moelle longitudinale, ni nerfs, ni organes respiratoires apparens, ni système de circulation, ni organes particuliers pour la génération ; mais seulement un canal intestinal aveugle, dont l'entrée sert de bouche et d'anus. Ils multiplient par bourgeons ou par scission de leur corps. Tous sont aquatiques. C'est ici la dernière classe du règne animal, celle qui comprend les animaux les plus imparfaits à tous égards, c'est-à-dire ceux qui ont l'organisation la plus simple, et par conséquent le moins de facultés. On ne retrouve en eux ni cerveau, ni moelle longitudinale, ni nerfs, ni organes particuliers pour la respiration, ni vaisseaux destinés à la circulation des fluides. Tous leurs viscères se réduisent à un simple canal alimentaire, rarement replié sur lui-même, et qui, comme un sac plus ou moins alongé, n'a qu'une seule ouverture servant a la fois de bouche et d'anus. Aucun d'eux ne peut être ovipare, car aucun n'a d'organes particuliers pour la génération. Or, il en faut avoir pour produire des oeufs : il faut au moins un ovaire, et les polypes en sont tous dépourvus. Mais plusieurs produisent des bourgeons qu'on a pris pour des oeufs, parce qu'ïls naissent près de leur ouverture sur ses bords intérieurs et qu'ils se séparent avant de s'être developpés. Tous les points de leur corps paroissent se nourrir par la succion et l'absorption autour du canal alimentaire des matièreres qui s'y trouvent digérées. Enfin, tous les points de leur corps ont sans doute en eux-mêmes cette modification de la faculté de sentir, qui constitue l'irritabilité. On peut dire que la classe des polypes est le dernier des échelons qu’on ait pu remarquer dans le règne animal aussi c'est parmi les animaux de cette classe que se trouvent en quelque sorte les ébauches de l'animalisation, le terme inconnu de l'échelle animale. Ce sont ces mêmes ébauches que la nature forme et multiplie avec tant de facilité et tant de promptitude dans des circonstances favorables ; mais aussi qu'elle détruit si facilement et même si subitement par la simple mutation des circonstances qui convenoient à leur existence. Quel sujet de méditation pour le naturaliste observateur et philosophe ! Qui croiroit par exemple que ce soit les animaux de cette classe qui, en individus, sont les plus nombreux dans la nature, c'est-à-dire, sont les plus multipliés ! Qui croiroit que c'est encore dans cette classe que se trouvent les animaux qui ont le plus d'influence pour constituer la croûte extérieure du globe terrestre dans l'état où nous la voyons ! Enfin qui croiroit que tout se réunit pour prouver que ces mêmes animaux sont les plus anciens dans la nature ! Que de monumens, en effet, attestent l'ancienneté de leur existence sur presque tous les points de la surface du globe, et la continuité de leurs travaux depuis les premiers temps ! Je divise la classe des polypes en trois ordres, savoir 1°. Les polypes à rayons. Ils ont autour de leur bouche ces bras disposés en rayons. 2°. Les polypes rotifères. Ils ont des organes ciliés et rotatoires. 3°. Les polypes amorphes. Ils sont irréguliers, sans bras rayonnans et sans organes rotatoires. ORDRE PREMIER. POLYPES A RAYONS. Ils sont réguliers, gemmipares, constamment ou spontanément fixés par leur base, et ont autour de leur bouche une ou plusieurs rangées de bras ou tentacules disposées en rayons. L'ordre des polypes à rayons comprend une quantité prodigieuse d'animaux molasses, contractiles, réguliers dans leur forme, parmi lesquels quelques-uns, quoique fixés par leur base, se déplacent spontanément, tandis que tous les autres sont constamment fixés sur différens corps et dans leur polypier. Il y en a en effet parmi eux qui sont toujours nus, c'est-à-dire qui vivent sans être enfermés dans aucune enveloppe ; mais le plus grand nombre des polypes de cet ordre se trouve constamment fixé par sa base dans des cellules qui résultent d'une sécrétion particulière du corps de ces polypes, et qui par leur amoncèlement constituent les polypiers qu'habitent ces animaux. C'est donc parmi les polypes à rayons que se trouvent ces animaux étonnans, qui, par l'antiquité de leur existence, leur énorme multiplicité dans la nature, et l’augmentation continuelle des polypiers qu'ils produisent, donnent lieu à cette immense quantité de matière calcaire qui forme ces îles, ces bancs et ces montagnes de craie dont tant de parties de la surface du globe sont couvertes. Tous les polypes de cet ordre ont la bouche terminale et entourée d'une ou de plusieurs rangées de tentacules ou espèces de bras non articulés, et disposés en rayons. Dans la plupart, les mouvemens de ces bras servent à arrêter et même à amener la proie. Ces animaux, en général, ont le corps gélatineux et transparent. La simplification de leur organisation est si grande, qu'en vain chercheroit-on à voir en eux aucun autre organe particulier que le canal alimentaire, qui est une espèce de sac fort extensible. Les polypes à rayons multiplient par des bourgeons qui, dans le plus grand nombre, ne se séparent que tardivement ou que par circonstances, et souvent qui ne se séparent jamais : en sorte que le polype, d'abord simple, devient ensuite un animal multiple, en quelque sorte composé, rameux ou lobé, ayant ses rameaux ou ses lobes terminés chacun par une bouche entourée de tentacules en rayons. Les polypes de cet ordre se divisent naturellement en deux sections remarquables, savoir : 1°. En polypes à rayons nus. Ils sont entièrement nus ou à découvert. 2°. En polypes à rayons coralligènes. Ils sont enfermés et fixés dans les cellules d'un polypier. PREMIÈRE SECTION. Polypes à rayons nus. Ils sont entièrement nus ou à découvert, ne forment point de polypier, et quoique fixés par leur base, la plupart peuvent se déplacer spontanément Ils se multiplient par des espèces de bourgeons qu'ils poussent de différens points de leur corps, et qui s'en séparent à un certain terme de leur développement. Ces polypes vivent les uns dans la mer et les autres dans les eaux douces et stagnantes. Ils ont une faculté régénérative si grande, que lorsqu'on retranche une partie quelconque de leur corps, elle repousse bientôt. Si l'on coupe un de ces animaux en deux, dans quelque sens que ce soit, sur-tout en hydre, chaque moitié redevient un polype entier. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] SECONDE SECTION. Polypes à rayons coralligènes, vulg. zoophytes. Ils sont fixés et enfermés ou contenus dans les cellules d'un polypier, dont ils augmentent continuellement l'étendue et la masse par leur multiplication et par une transudation perpétuelle de leur corps. Les polypiers constitués par la réunion ou l'amoncèlement varié des cellules des polypes, sont les uns de substance entièrement ou partiellement pierreuse et calcaire, les autres de matière cornée et même gélatineuse. Ils présentent des masses diversement ramifiées ou dendroïdes ; quelquefois simplement crustacées, ou foliacées, ou réticulaires, ou fibreuses. Leurs cellules sont tantôt courtes, tantôt plus ou moins tubuleuses. Les polypiers furent pris pendant long-temps par les Naturalistes pour des plantes marines. Ce ne fut qu'en 1727 que PEYSSONEL découvrit que les coraux constituoient les habitations d'un grand nombre de petits animaux qui les avoient formés. TREMBLEY étendit cette découverte en faisant connoître les polypes d'eau-douce, tels que les hydres, &c. lesquels ont à-peu-prés la même organisation que les polypes coralligénes, et sont nécessairement de la même classe. Enfin ELLIS découvrit les animaux analogues qui habitent les sertulaires, les gorgones, &c.ce qui conduisit bientôt à la connoissance de ceux qui forment les madrépores, les millepores, &c. &c. La connaissance de ces animalcules et la considération des masses ordinairement rameuses et dendroïdes qui leur servent de réceptacle et d'habitation, firent ensuite donner à ces mêmes masses le nom de zoophytes, qui veut dire animaux-plantes, comme si les objets dont il s'agit participoient de la nature de l'animal et de celle de la plante. On a même prétendu, dans des ouvrages très-modernes, que les polypiers rameux croissoient par intus-susception, en sorte que le tronc et les branches étoient de véritables végétations et leurs auteurs ont donné le nom de fleur-animale au polype même qui habite chaque cellule de ces polypiers. Mais cette opinion est une erreur évidente. Il n'y a dans le polypier le plus ramifié rien qui tienne de la nature d'un végétal ; si l'on en excepte l'apparence ou la configuration extérieure. Tout y est animal ou production animale. Chaque polype est un être vivant, doué du mouvement volontaire et muni d'un canal intestinal, aucun végétal connu n'offre rien de semblable. Quant au polypier, il se forme insensiblement par suite de l'extrême multiplication des polypes, et par l'amoncèlement, diversement modifié selon les espèces, des cellules que les polypes se construisent. Enfin les cellules sont formées par des additions et des dépôts successifs de matières qui transudent du corps même du polype. Après leur sortie de l'animal, ces matières prennent de la consistance par le rapprochement de leurs parties, et transforment en substance pierreuse dans les uns, cornée dans les autres, et spongieuse, ou simplement gélatineuse dans d'autres encore. Les pores excrétoires de ces animalcules sont souvent de deux sortes, et filtrent par conséquent deux sortes de sucs différens. Ceux qui sont situés à la partie postérieure de l'animal donnent issue à un suc qui se change en matière cornée, plus ou moins ferme ou solide ; tandis que ceux qui occupent les parties latérales du polype déposent une matière ou crétacée, ou spongieuse, ou gélatineuse, ou glaireuse. Des matières qui transudent de ces derniers résultent, non-seulement les cellules, mais les croûtes ou espèces d'écorces qui recouvrent les ramifications cornées des gorgones, des isis, des éponges, &c. et de celles que déposent les premiers, résulte la substance intérieure du polypier, substance qui est parfaitement inorganique. Les bourgeons que produisent les polypes coralligènes sont quelquefois oviformes, et se détachent avant de se développer. Ils sont alors diversement déposés sur les bords ou à côté des cellules, selon les espèces. D'autres fois ils ne se séparent que tardivement, ou même ne se séparent jamais. Dans l'un et l'autre cas, la forme principale qu'acquiert chaque polypier dans son accroissement, doit nécessairement résulter du nombre et de la situation des bourgeons successivement déposés ou développés par les polypes. Cette considération suffit pour faire appercevoir la cause de l’étonnante diversité dans la forme des polypiers connus. Les polypes qui font leur habitation dans ces corps celluleux que je nomme polypiers, sont d'une nature assez analogue à celle des hydres. Je partage les polypes à rayons et coralligènes en deux sous-divisions ou familles, de la manière suivante : 1°. Ceux dont le polypier est solide, entièrement pierreux et calcaire. 2°. Ceux dont le polypier est flexible, et n'est pas entièrement crétacé. PREMIÈRE SOUS-DIVISION. Polypier solide, entièrement pierreux et calcaire. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] DEUXIEME SOUS-DIVISION. Polypier non entièrement pierreux. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE SECOND. POLYPES ROTIFÈRES. Ils sont vagabonds ou fixés spontanément, et ont à la bouche un ou plusieurs organes ciliés et rotatoires. Les polypes rotifères font en quelque sorte le passage entre les polypes à rayons, qui forment l'ordre précédent, et les polypes amorphes ou microscopiques, qui constituent le dernier ordre de cette classe, et terminent le règne animal. Mais ils sont fortement distingués des uns et des autres par les organes ciliés et rotatoires dont leur bouche est munie, et auxquels l'animal communique un mouvement de rotation très-rapide qui excite un tourbillonnement dans l'eau, et attire la proie ou les molécules dont ces polypes se nourrissent. Plusieurs, ou peut-être tous, multiplient par une scission de leur corps. Ici les merveilles se multiplient à mesure que nos observations s'étendent. On a observé que des polypes de cet ordre desséchés promptement, et par conséquent alors sans mouvement quelconque et sans vie active, étant conservés dans cet état pendant même des années entières mais à l'abri de toute détérioration, peuvent ensuite, si on les remet dans l’eau, reprendre le mouvement et la vie. Le rotifère de Spallanzani (urceolaria rediviva ) a servi le premier à faire connoître cette faculté. Combien ce fait singulier agrandit nos idées, et quel jour il répand sur ce que l'on nomme la vie dans tous les êtres qui en sont doués ! J'ai fait voir dans mes MEMOIRES DE PHYSIQUE ET D’HIST. NAT. ( pag. 250, n°. 317) que l'essence de la vie réside dans un ordre de choses qui permet l'exercice des mouvemens organiques, et non uniquement dans l’exercice même de pareils mouvemens, ni dans aucun principe particulier quelconque. La vie, ou tout mouvement organique qui la constitue (qui en résulte) peut être suspendue pendant un temps, dont la durée est relative à la composition de l'organisation de l’individu, sans que cette suspension ou cette interruption de tout mouvement vital soit la mort de l’individu qui l’éprouve. Le mouvement vital qu’on peut rendre aux asphixiés, la révivification des polypes rotifères, des mousses et des nostocs desséchés, en est une preuve évidente. L’altération seule des organes essentiels à la vie ou des fluides qu’ils contiennent portée jusqu’au point de rendre impossible l’exécution des fonctions vitales, forme la mort de l’individu qui l’a subie. En effet l’ordre de choses dont j’ai parlé ci dessus se trouvant alors détruit avec l’impossibilité de rétablissement, la vie dès l’instant même n’existe plus, et sa cessation seule constitue la mort. Quoique les polypes rotifères soient très-nombreux dans la nature, on ne connoît encore parmi eux qu’un petit nombre de genres, qui sont les suivants. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] ORDRE TROISIÈME. POLYPES AMORPHES ou MICROSCOPIQUES. Ils sont infiniment petits, vagabonds, gélatineux, transparents, contractiles, et se multiplient par une scission naturelle de leur corps. Enfin, nous voici parvenus au dernier ordre des polypes, et sans doute au dernier échelon de tout le règne animal. En effet l’organisation de ces polypes devenant de plus en plus simple, les derniers genres nous offrent en quelque sorte le terme de l’animalité, c’est au moins, à-peu-près, celui où nous pouvons atteindre. Les polypes amorphes, que d’autres ont nommé polypes microscopiques, et d’autres polypes infusoirs, sont des animaux extrêmement petits, le plus souvent imperceptibles à la vue, ayant le corps mou, contractile, gélatineux, transparent, muni ou dépourvu d’organes extérieurs. On les a nommés polypes ou animaux infusoirs, parce qu’on a remarqué que ces animalcules, qui naissent et vivent dans quelque liquide, se trouvent généralement dans les eaux croupissantes, dans les infusions de substances végétales ou animales, dans la semence même ou la liqueur spermatique des animaux; et qu'enfin il y en a qui ne paroissent que lorsque les matières en infusion, soit animales, soit végétales, commencent à se corrompre. Il semble que ce dernier ordre de la dernière classe des animaux ait avec le dernier ordre de la dernière classe des végétaux (les champignons), ce trait frappant d'analogie ; savoir, que de même que les polypes amorphes naissent en général dans des liquides ou des matières, soit animales, soit végétales, commençant à se corrompre, de même aussi la plupart des champignons semblent naître des substances qui commencent à se putréfier. Néanmoins il est vraisemblable que ce n’est là, de part et d’autre, qu’une circonstance favorable. On a même lieu de croire que pour les êtres vivans les plus simples, la chaleur, qui est la mère des générations et en quelque sorte l’ame des êtres vivans, opère concuremment avec l’humidité, qui est nécessaire pour effectuer tout développement organique ; cette disposition et cet état des parties qui créent la vie, soit végétale, soit animale, dans les petites masses de molécules gélatineuses agglomérées que la nature forme avec tant de facilité dans les circonstances favorables. Voy. le Discours d'ouverture, p. I. Les polypes amorphes, aussi anciens que la nature, et plus anciens que tous les autres animaux qui existent, s'il est vrai qu'avec le temps et toutes les circonstances nécessaires ils en soient tous provenus et en aient reçu successivement et graduellement l'existence, ces polypes, dis-je, sont cependant une des découvertes de notre siècle, comme Bruguière l'observe avec beaucoup de raison. On a dit, sans l'avoir prouvé, que ces animalcules pouvoient se multiplier par des œufs ; mais ce qui est plus fondé, et à-la-fois ce qui est véritablement admirable, c'est que ces animalcules singuliers se multiplient par une scission ou division naturelle de leur corps. Cette scission s'opère en eux ou sur leur longueur, ou sur leur largeur, selon les espèces. On voit d'abord paroître une ligne longitudinale ou transversale sur le corps de l'individu que l'on observe. Il se forme quelque temps après une échancrure à l'une des extrémités de cette ligne. L'échancrure grandit insensiblement, et à la fin les deux moitiés du corps se séparent, prennent bientôt après chacune la forme même de l’individu entier dont elles faisoient partie. Ces nouveaux individus vivent quelque temps sous cette forme, et se multiplient ensuite à leur tour en se partageant par une scission naturelle de leur corps. Je divise les polypes amorphes en deux sections, de la manière suivante : 1°. Ceux qui ont des organes extérieurs saillans, comme des poils, des cornes ou une queue. 2°. Ceux qui sont dépourvus d'organes extérieurs. PREMIÈRE SECTION. Polypes amorphes ayant des organes extérieurs saillans. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] SECONDE SECTION. Polypes amorphes dépourvus d'organes extérieurs. * Corps applati. [non reproduit] ** Corps épais. [non reproduit] [Texte non reproduit dans cette version] FIN. ADDITION. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] GENRES INCOMPLETEMENT CONNUS. Classe des mollusques. [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] [Texte non reproduit dans cette version] SECONDE ADDITION. [Texte non reproduit dans cette version] SUR LES FOSSILES Je donne le nom de fossile, aux dépouilles des corps vivans, altérées par leur long séjour dans la terre ou sous les eaux, mais dont la forme et l'organisation sont encore reconnoissables. Sous ce point de vue, les os des animaux à vertèbres et les dépouilles des mollusques testacés, de quelques crustacés, de beaucoup de radiaires échinodermes, des polypes coralligènes et des parties ligneuses des végétaux, seront appelés fossiles, lorsqu'après avoir été long-temps enfouis dans la terre où ensevelis dans les eaux ils auront éprouvé une altération qui, en dénaturant leur substance, n'aura pas néanmoins détruit leur forme, leur figure, ni les traits particuliers de leur organisation. D'après cela lorsqu'une coquille, par les suites d'un long séjour dans la terre aura subi des altérations qui auront en partie dénaturé sa substance, sans détruire sa forme, cette coquille alors sera véritablement fossile. Parmi les différens états d'altération dans lesquels on trouve les coquilles fossiles, le plus ordinaire est celui dont l'altération n'a fait que détruire la partie animale, c'est-à-dire cette partie gélatineuse ou membraneuse qui se trouvoit mélangée avec sa partie crétacée : en sorte qu'après la destruction de cette partie animale, la coquille est presqu'uniquement composée de matière calcaire. Cette coquille alors a perdu son luisant, ses couleurs, et souvent même sa nacre si elle en avoit ; car on sait qu'elle ne les devoit qu'à la présence de cette partie animale mélangée avec la partie crétacée lorsqu'elle étoit dans son état frais ou marin. Dans cet état d'altération, la coquille dont je viens de parler est ordinairement toute blanche. Quelquefois néanmoins, long-temps enfoncée dans un limon qui l'a empreinte de particules colorées, cette coquille fossile a une couleur particulière mais elle ne lui est pas propre. En France, les coquilles fossiles de Courtagnon près de Reims, de Grignon près Versailles, de la ci-devant Touraine., &c. sont presque toutes encore dans cet état calcaire, avec la privation plus ou moins complète de leur partie animale, c'est-à-dire de leur-luisant, leurs couleurs propres et leur nacre. D'autres fossiles ont éprouvé une altération telle, que non-seulement ils ont perdu leur partie animale, mais qui a transformé leur substance même en matière siliceuse. Je donne à cette seconde sorte de fossiles le nom de fossiles siliceux; et l'on sait que l'on trouve dans cet état différentes huîtres (des ostracites), beaucoup de térébratules (des térébratulites), des trigonites ; des ammonites, des échinites, des encrinites, &c. Lorsqu'une coquille fossile calcaire continue d'éprouver des altérations dans la nature de sa substance, et se transforme en fossile siliceux, elle subit un retrait par le rapprochement de toutes celles de ses parties qui subsistent et la composent. Alors la masse pierreuse qui contient cette même coquille, laisse autour d'elle un petit espace vide, qui est néanmoins le plus souvent interrompu par quelques adhérences latérales de la coquille à la pierre. Les fossiles dont je viens de parler, sont les uns enfouis dans la terre, et les autres gisant çà et là à sa surface. On en trouve dans toutes les parties nues de notre globe, au milieu même des plus vastes continens ; et ce qu'il y a de bien remarquable, on en trouve sur les montagnes jusqu'à des hauteurs trés-considérables. En beaucoup d'endroits, les fossiles enfouis dans la terre y forment des bancs d'une étendue de plusieurs lieues en longueur (1). Autrefois on mettoit fort peu d'empressement à recueillir et à étudier les dépouilles des corps vivans qu'on rencontroit dans l'état fossile. On ne considérait ces objets qu'en eux-mêmes, et dès-lors ils n'intéressoient pas. Une coquille fossile étant nécessairement sans éclat, sans couleurs, sans beauté, et très souvent fruste, étoit rejetée des collections, comme altérée, morte, selon l'expression des conchyliogistes, et dépourvue d'intérêt. Mais depuis qu'on a fait attention que ces fossiles étoient des monumens extrêmement précieux pour l'étude des révolutions qu'ont subi les différens points de la surface du globe, et des changemens que les êtres vivans y ont eux-mêmes successivement éprouvés (dans mes leçons j'ai toujours insisté sur ces considérations), alors la recherche et l'étude des fossiles ont pris une faveur particulière, et sont maintenant pour les Naturalistes des objets du plus haut intérêt. (1) Voyez à ce sujet mon ouvrage intitulé: De l'influence du mouvement des eaux sur la surface du globe terrestre, et des indices du déplacement continuel du bassin des mers, ainsi que de son transport successif sur les différens points de la surface du globe. Les premiers résultats de l'étude des fossiles ont fourni à plusieurs Naturalistes l'idée de la proposition suivante comme très-fondée, savoir : Que tous les fossiles appartiennent à des dépouilles d'animaux ou de végétaux dont les analogues vivans n'existent plus dans la nature. Ils en ont conclu, pour la couche extérieure du globe qui nous montre de ces fossiles dans toutes ses parties sèches et dans ses différens climats, que ce globe a subi un bouleversement universel, une catastrophe générale, et qu'il en est résulté qu'une multitude d'espèces d'animaux et de végétaux divers se trouvent absolument perdues ou détruites. Un bouleversement universel, qui nécessairement ne régularise rien, confond et disperse tout, est un moyen fort commode pour ceux des Naturalistes qui veulent tout expliquer, et qui ne prennent point la peine d'observer et d'étudier la marche que suit la nature à l'égard de ses productions et de tout ce qui constitue son domaine. J'ai déjà dit ailleurs ce qu'il falloit penser de ce prétendu bouleversement universel du globe ; je reviens aux fossiles. Il est très-vrai que sur la grande quantité de coquilles fossiles recueillies dans les diverses contrées de la terre, il n'y a encore qu'un fort petit nombre d'espèces dont les analogues vivans ou marins soient connus. Néanmoins, quoique ce nombre soit fort petit, dès qu'on ne sauroit le contester, il suffit pour que l'on soit forcé de supprimer l'universalité énoncée, dans la proposition citée ci-dessus. Il est bon de remarquer que parmi les coquilles fossiles dont les analogues marins ou vivans ne sont pas connus, il en est beaucoup qui ont une forme très-rapprochée de coquilles des mêmes genres que l'on connoît dans l'état marin. Cependant elles diffèrent plus ou moins, et ne peuvent rigoureusement être regardées comme les mêmes espèces que celles que l'on connoît vivantes, puisqu'elles ne leur ressemblent pas parfaitement : ce sont là, nous dit-on, des espèces perdues. Je conviens qu'il est possible qu'on ne trouve jamais parmi les coquilles fraîches ou marines des coquilles parfaitement semblables aux coquilles fossiles dont je viens de parler. Je crois en savoir la raison ; je vais l’indiquer succinctement, et j'espère qu'alors on sentira que quoique beaucoup de coquilles fossiles soient différentes de toutes les coquilles marines connues, cela ne prouve nullement que les espèces de ces coquilles soient anéanties, mais seulement que ces espèces ont changé à la suite des temps, et qu'actuellement elles ont des formes différentes de celles qu'avoient les individus dont nous retrouvons les dépouilles fossiles. Tout homme observateur et instruit sait que rien n'est constamment dans le même état à la surface du globe terrestre. Tout, avec le temps, y subit des mutations diverses plus on moins promptes, selon la nature des objets et des circonstances. Les lieux élevés perpétuellement se dégradent par les actions alternatives du soleil et des eaux pluviales ; tout ce qui s'en détache est entraîné vers les lieux bas ; les lits des rivières, des fleuves, des mers même, insensiblement se déplacent (1); en un mot tout, à la surface de la terre, y change de situation, de forme, de nature et d'aspect. Or si, comme j'essaierai de le faire voir ailleurs, la diversité des circonstances amène, pour les êtres vivans, une diversité d'habitudes, un mode différent d'exister, et par suite, des modifications ou des développemens dans (1) Voyez mon ouvrage sur l'influence du mouvement des eaux sur la surface du globe terrestre. leurs organes et dans la forme de leurs parties, on doit sentir qu'insensiblement tout être vivant quelconque doit varier dans son organisation et dans ses formes. On doit encore sentir que toutes les modifications qu'il éprouvera dans son organisation et dans ses formes, par suite des circonstances qui auront influé sur cet être, se propageront par la génération, et qu'après une longue suite de siècles, non-seulement il aura pu se former de nouvelles espèces, de nouveaux genres et même de nouveaux ordres, mais que chaque espèce aura même varié nécessairement dans son organisation et dans ses formes. Qu'on ne s'étonne donc plus si, parmi les nombreux fossiles que l'on trouve dans toutes les parties sèches du globe, et qui nous offrent les débris de tant d'animaux qui ont autrefois existé, il s'en trouve si peu dont nous connoissions les analogues vivans. S'il y a, au contraire, quelque chose qui doive nous étonner, c'est de rencontrer parmi ces nombreuses dépouilles fossiles des corps qui ont été vivans, quelques-unes dont les analogues encore existans nous soient connus. Ce fait, que nos collections des fossiles constatent, doit nous faire supposer que les débris fossiles des animaux dont nous connoissons les analogues vivans, sont les fossiles les moins anciens. L'espèce à laquelle chacun d'eux appartient n'avoit pas sans doute encore eu le temps de varier dans quelques-unes de ses formes. On doit donc s'attendre à ne jamais retrouver parmi les espèces vivantes la totalité de celles que l'on rencontre dans l’état fossile, et cependant on n'en peut pas conclure qu'aucune espèce soit réellement perdue ou anéantie. Il est sans doute possible que parmi les plus grands animaux il y ait eu quelqu'espèce détruite par les suites de la multiplication de l'homme dans les lieux qu'elle habitoit. Mais cette conjecture ne peut acquérir de fondement par la seule considération des fossiles : on ne pourra prononcer à cet égard que lorsque toutes les parties habitables du globe seront parfaitement connues. ERRATA. [Texte non reproduit dans cette version] TABLE des noms français de genres. A. Abeille, page 273 Acarde, 130 Achète, 247 Actinie, 364 Agarice, 373 Agathine, 90 Albunée, 155 Alcyon, 384 Aleyrode, 298 Alvéolite, 375 Alucite, 287 Ammonite, 100 Amphinome, 323 Amphitrite, 325 Ampullaire, 93 Amymone, 170 Ananchite, 348 Anatife, 141 Ancille, 73 Andrène, 272 Anodonte, 114 Anomie, 137 Anthrace,312 Anthrène, 212 Antipate, 379 Apale, 227 Aphrodite, 323 Araignée, 174 Arche, 115 Arctopsis. 155 Arenicole, 324 Argonaute, 99 Arrosoir, 98 Ascalaphe, 257 Ascaride, 338 Ascidie, 109 Aselle, 165 Asile, 306 Asterie, 350 Astrée, 371 Attelabe, 239 Avicule, 134 Auricule, 92 B. Baculite, page 103 Balane, 142 Bdelle, 179 Belemnite, 104 Bembèce, 272 Béroë, 354 Bibion, 304 Biphore, 109 Birrhe, 212 Blaps, 230 Blatte, 246 Bombice, 285 Bombyle, 307 Bostrich, 241 Botrylle, 384 Bouclier, 213 Bousier, 207 Brachicère, 241 Brachion, 389 Branchiopode, 161 Brente, 240 Bruche, 239 Bucarde, 119 Buccin, 77 Bulle, 90 Bullée, 63 Bulime, 90 Bupreste, 221 C. Cadran, 86 Calappe, 149 Calcéole, 139 Callidie, 234 Calmar, 60 Calyptrée, 70 Came, 131 Cancellaire, 76 Cantharide, 226 Capricorne, 234 Capse, 125 Carabe, 216 Cardite, 118 Carinaire, 99 Caryophyllie, 370 Casside, 242 Cassidule, 348 Casque, 79 Cellaire, 382 Cellepore, 383 Céphalocle, 170 Cérite, 85 Cérocome, page 227 Cétoine, 209 Chalcis, 266 Charanson, 240 Chévrolle, 165 Chryside, 270 Chrysomèle, 237 Cicadelle, 292 Cicindèle, 217 Cigale, 292 Cinips, 266 Cistèle, 233 Clairon, 214 Clavellaire, 264 Clavatule, 84 Clio, 81 Cloporte, 167 Clypéastre, 349 Clytre, 239 Coccinelle, 242 Cochenille, 298 Colombelle, 75 Colpode, 395 Concholepas, 69 Cône, 71 Conops, 308 Corail, 378 Coralline, 381 Corbule, 137 Corée, 294 Corine, 365 Corise, 297 Cossyphe, 228 Cousin, 305 Crabe, 148 Crabron, 270 Cranie, 138 Crangon, 159 Crassatelle, 119 Crépidule, 70 Crevette, 164 Crinon, 339 Criocère, 238 Criquet, 247 Cristatelle, 385 Cucullan, 338 Cucullée, 116 Cyame, 166 Cyclade, 123 Cyclolite, 369 Cyclope, 168 Cyclostome, 87 D. Daphnie, 169 Dentale, 326 Dermeste, page 211 Diapère, 229 Dolabelle, 62 Donace, 122 Doripe, 151 Doris, 66 Dragoneau, 329 Drile, 222 Dryops, 215 Dytique, 216 E. Eburne, 87 Echinoné, 347 Echinorinque, 336 Ecrevisse, 157 Elaphre, 218 Elaïs, 177 Emarginule, 69 Empis, 307 Encrine, 379 Éphémère, 259 Éponge, 385 Erodie, 232 Erotyle, 241 Escarbot, 210 Eschare, 375 Evanie, 267 Eucère, 273 F. Fasciolaire, 83 Fasciole, 333 Faucheur, 176 Filaire, 340 Firole, 61 Fissule, 339 Fissurelle, 69 Fistulane, 129 Flustre, 383 Fongie, 369 Forbicine, 167 Forficule, 245 Fourmi, 268 Frigane, 258 Fulgore, 291 Furie, 327 Fuseau, 82 G. Galathée, 158 Galéode, 176 Galerite, 346 Galeruque, 237 Géotrupe, 207 Gérofloée, 337 Glycimère, 126 Goliath, 209 Gorgone, 378 Grapse, 150 Gribouri, 238 Grillon, 246 Guêpe, 271 Gyrin, 215 Gyrogonite, 401 H. Haliotide, 96 Hanneton, 208 Harpe, 79 Hélice, 94 Hélicine, ibid. Hélops, 231 Hémérobe, 258 Hépiale, 287 Hexodon, 208 Hippe, 156 Hippobosque, 309 Hippope, 117 Hippurite, 104 Holothurie, 351 Horie, 227 Houlette, 136 Huître, 132 Hyale, 139 Hydatide, 335 Hydrachne, 178 Hydre, 365 Hydromètre, 295 Hydrophile, 215 I. Janthine, 89 Ichneumon, 265 Ips, 213 Isis, 377 Isocarde, 118 Iule, 182 L. Lagrie, 228 Lampyre, 224 Laplisie, 62 Lepture, 236 Lernée, 60 Lethrus, 208 Leucopsis, 267 Leucosie, 153 Libellule, 253 Ligie, 166 Ligule, 334 Limace, page 64 Lime, 136 Limule, 169 Linguatule, 334 Lingule, 140 Lombric, 328 Lucane, 205 Lucine, 124 Lucernaire, 354 Lutraire, 120 Lycus, 224 Lymexyle, 222 Lymnée. 91 M. Mactre, 121 Madrepore, 371 Maïa, 154 Maillot, 88 Malachie, 223 Mammaire, 109 Mante, 248 Manticore, 217 Marginelle, 75 Marteau, 135 Massète, 337 Matute, 152 Méandrine, 372 Méduse, page 353 Mélanie, 91 Mélasis, 220 Méloé, 225 Mélyre, 223 Méretrice, 122 Micetophage, 237 Millepore, 373 Mitre, 74 Mitte, 179 Modiole, 113 Monade, 397 Monodonte, 87 Mordelle, 232 Mouche, 310 Moule, 113 Mulette, 114 Mutille, 268 Mye, 126 Mylabre, 226 Myope, 308 Myrmeleon, 256 N. Nasse, 76 Natice, 95 Naucore, 296 Nautile, 99 Nayade, page327 Nécydale, 234 Nèpe, 295 Néréide, 322 Nérite, 95 Nicrophore, 214 Nitidule, 213 Noctuelle, 286 Nomade, 274 Notonecte, 296 Notoxe, 228 Nucléole, 347 Nucule, 115 Nullipore, 374 Nummulite, 101 Nymphon, 180 O. Ocypode, 149 Oestre, 310 Olive, 73 Omalyse, 225 Ombellulaire, 380 Onchide, 65 Opatre, 229 Ophiure, 350 Orbicule, 140 Orbitolite, 376 Orbulite, l00 Orthocère, 105 Orysse, 264 Oscabrion, 66 Oscane, addit. 400 Oursin, 346 Ovéolite, 402 Ovule, 72 Oxypore, 218 P. Pagure, 158 Palemon, 160 Palinure, 159 Pandore, 136 Panorpe, 257 Paphie, 120 Papillon, 282 Passale, 206 Patelle, 68 Pavone, 372 Pédère, 219 Pédicellaire, 365 Peigne, 135 Pennatule, 380 Pentatome, 293 Perle, 255 Perne, 134 Pétoncle, page 115 Pétricole, 121 Phalène, 286 Phasme, 249 Pholade, 127 Phryné, 175 Phyllidie, 66 Physalie, 355 Physsophore, 356 Pimélie, 230 Pince, 177 Pinne, 112 Placune, 135 Planaire, 330 Planorbe, 93 Planospirite, addit. 400 Planulite, 101 Pleurotome, 84 Plicatule, 132 Podophtalme, 152 Podure, 183 Polyphême, 168 Porcelaine, 71 Porcellane, 153 Porpite, 355 Portune, 151 Pou, 183 Poulpe, 60 Pourpre, 77 Prione, 233 Proboscide, 340 Protée, 396 Psille, 298 Psoc, 255 Ptilin, 220 Ptine, 219 Ptérocère, 80 Ptérophore, 288 Puce, 314 Puceron, 300 Punaise, 293 Pycnogonon, 180 Pyrale, 287 Pyramidelle, 92 Pyrochre, 229 Pyrule, 82 R. Radiolite, 130 Ranine, 156 Raphidie, 256 Réduve, 294 Rétepore, 374 Rhagion, 305 Rhizostome, 354 Ricin, 183 Ripiphore, page 232 Rocher, 81 Rostellaire, idem. Rotalite, addit. 401 S. Sabot, 86 Sangsue, 330 Sanguinolaire, 125 Saperde, 235 Sauterelle, 247 Scalaire, 88 Scarabée, 206 Scarite, 217 Scaure, 231 Scorpion, 174 Scolie, 269 Scolopendre, 181 Scutellère, 293 Scutigère, 182 Scyllare, 156 Sèche, 59 Sépidie, 231 Serpule, 325 Sertulaire, 382 Sésie, 281 Siderolite, 376 Sigaret, 64 Siliquaire, 98 Siponcle, 352 Solen, 125 Spatangue, 348 Spectre, 249 Sphéridie, 211 Sphex, 269 Sphinx, 281 Spirorbe, 326 Spirule, 102 Spondyle, 131 Spondylide, 236 Squille, 160 Staphylin, 218 Stencore, 235 Stomate, 96 Stomoxe, 309 Stratiome, 312 Strombe, 80 Strongle, 337 Syrphe, 311 T. Taenia, 334 Taon, 306 Taret, 128 Tarrière, 72 Taupin, 221 Teigne, page 288 Téléphore, 222 Telline, 124 Ténébrion, 230 Tentaculaire, 336 Tentrède, 263 Térébelle, 324 Térébratule, 138 Termite, 254 Testacelle, 96 Tethis, 63 Thalasséme, 328 Thalide, 356 Tiphie, 269 Tipule, 304 Tonne, 79 Toupie, 85 Trichocerque, 394 Trichode, 393 Trichure, 338 Tridacne, 117 Trigonie, 116 Trips, 297 Tritonie, 65 Trogossite, 236 Trombidion, 177 Trox, 210 Truxale, 248 Tubipore, 377 Tubulaire, 382 Turbinelle, 83 Turrilite, 102 Turritelle, 89 V. Velelle, 355 Vénéricarde, 123 Vénus, 122 Véretille, 381 Vermiculaire, 97 Vibrion, 396 Vis, 78 Volvaire, 93 Volvoce, 396 Volute, 74 Vorticelle, 388 Urcéolaire, 389 Vrillette, 220 Urocère, 264 Vulselle, 133 Z. Zoanthe, 364 Zygène, 285 TABLE des noms latins de genres. A. Acardo, pag. 130 Acarus, 179 Achatina, 90 Acheta, 247 Acridium, ibid. Actinia, 364 Agaricia, 373 Albunea, 155 Alcyonium, 384 Aleyrodes, 298 Alucita, 287 Alveolites, 375 Ammonites, 100 Amphinome, 323 Amphitrite, 325 Ampullaria, 93 Amymona, 170 Ananchites, 348 Anatifa, 141 Ancilla, 73 Andrena, 272 Anobium, 220 Anodonta, 114 Anomia, 137 Anthrax, 312 Anthrenus, 212 Antipathes, 379 A palus, 227 Aphis, 300 Aphrodita, 323 Apis, 273 Aranea, 174 Arca, 115 Arctopsis, 155 Arenicola, 324 Argonauta, 99 Ascalaphus, 257 Ascaris, 338 Ascidia, 109 Asellus, 165 Asilus, 306 Astacus, 157 Asteria, 350 Astrea, pag. 371 Attelabus, 239 Avicula, 134 Auricula, 92 B. Baculites, 103 Balane, 142 Bdella, 179 Belemnites, 104 Bembex, 272 Beroe, 354 Bibio,304 Blaps, 230 Blatta, 246 Bombix, 285 Bombylus, 307 Bostricus, 241 Botryllus, 384 Brachicerus, 241 Brachionus, 389 Branchiopoda, 161 Brentus, 240 Bruchus, 239 Buccinum, 77 Bulimus, 90 Bulla, ibid ; Bullœa, 63 Buprestis, 221 Byrrhus, 212 C. Calappa, 149 Calceola, 139 Callidium, 234 Calyptrœa, 70 Cancer, 148 Cancellaria, 76 Cantharis, 226 Caprella, 165 Capsa, 125 Carabus, 216 Cardites, 118 Cardium, 119 Carinaria, 99 Caryophyllœus, 337 Caryophyllia, 370 Cassida, 242 Cassidulus, 348 Cassis, 79 Cellaria, 382 Cellepora, 383 Cephaloculus, 170 Cerambix, 234 Cerithium, 85 Cerocoma, 227 Cetonia, pag. 209 Chalcis, 266 Chama, 131 Chelifer, 177 Chiton, 66 Chrysis, 270 Chrysomela, 237 Cicada, 292 Cicindela, 217 Cimex, 293 Cistela, 233 Clavellaria, 264 Clavatula, 84 Clerus, 214 Clio, 61 Clypeaster, 349 Clytra, 239 Coccinella, 242 Coccus, 298 Columbella, 75 Colpoda, 395 Concholepas, 69 Conops, 308 Conus, 71 Corallina, 381 Corallium, 378 Coreus, 294 Corine, 365 Copris, 207 Corbula, 137 Corixa, 297 Cossyphus, 228 Crabro, 270 Crago, 159 Crania, 138 Crassatella, 119 Crepidula, 70 Crino, 339 Crioceris, 238 Cryptocephalus, ibid. Cristatella, 385 Cucullœa, 116 Cucullanus, 338 Culex,305 Curculio, 240 Cyamus, 166 Cyclas, 123 Cyclostoma, 87 Cynips, 266 Cyprœa, 71 Cyclops, 168 Cyclolites, 369 D. Daphnia, 169 Dentalium, 326 Dermestes, pag. 169 Diaperis, 229 Dolabella, 62 Dolium, 79 Donax, 122 Doripe, 151 Doris, 66 Drilus, 22 Dryops, 215 Dytiscus, 216 E. Eburna, 78 Echinoneus,347 Echinorinchus, 336 Echinus, 346 Elaïs, 177 Elaphrus, 218 Elater, 221 Emarginula, 69 Empis, 307 Encrinus, 379 Ephemerum, 259 Erodius, 232 Erotylus, 241 Eschara, 375 Evania, 267 Eucera, 273 F. Fasciola, pag.333 Fasciolaria, 83 Filaria, 340 Fissula, 339 Fissurella, 69 Forficula, 245 Formica, 268 Fulgora, 291 Fungia, 369 Furia, 327 Fusus, 82 G. Galathea, 158 Galeodes, 176 Galerites, 346 Galeruca, 237 Gammarus, 164 Geotrupes, 207 Glycimeris, 126 Goliathus, 209 Gordius, 329 Gorgonia, 378 Grapsus, pag. 150 Gryllus, 246 Gyrinus, 215 H. Haliotis, 96 Harpa, 79 Helicina, 94 Helix, ibid. Helops, 231 Hemerobus, 258 Hepialus, 287 Hexodon, 208 Hippobosca, 309 Hippopus, 117 Hippurites, 104 Hirudo,330 Hister, 210 Holothuria, 351 Horia, 227 Hyalœa, 139 Hydatis, 335 Hydra, 365 Hydrachna, 178 Hydrometra, 295 Hydrophilus, 215 I. Janthina, 89 Ichneumon, 265 Ips, 213 Isis, 377 Isocardia, 118 Julus, 182 L. Lagria, 228 Laplisia, 62 Lampyris, 224 Leptura, 236 Lernœa, 60 Lethrus, 208 Leucopsis, 267 Leucosia, 153 Libellula, 253 Ligia, 166 Ligula, 334 Lima, 136 Limax, 64 Limulus,169 Linguatula, 334 Lingula, 140 Locusta, 247 Loligo, 60 Lombricus, pag. 328 Lucanus, 205 Lucernaria, 354 Lucina, 124 Lutraria, 120 Lycus, 224 Lymexylon, 222 Lymnoea, 91 M. Mactra, 121 Madrepora, 371 Maïa, 154 Malachius, 223 Malleus, 133 Mammaria, 109 Mantis, 248 Manticora, 217 Marginella, 75 Matuta, 152 Meandrina, 372 Medusa, 353 Melania, 91 Melasis, 220 Meloe, 225 Melolontha, 208 Melyris, 223 Meretrix, 122 Micetophagus, 237 Millepora, 373 Mitra, 74 Modiola, 113 Monas, 397 Monodonta, 87 Mordella, 232 Murex, 81 Musca, 310 Mutilla, 268 Mya, 126 Mylabris, 226 Myopa, 308 Myrmeleon, 256 Mytilus, 113 N. Naïs, 327 Nassa, 76 Natica, 95 Naucoris, 296 Nautilus, 99 Necydalis, 234 Nepa, 295 Nereis, 322 Nerita, 95 Nicrophorus, 214 Nitidula, 213 Noctua, pag. 286 Nomada, 274 Notonecta, 296 Notoxus, 228 Nucleolus, 347 Nucula, 115 Nullipora, 374 Nummulites, 101 Nymphum, 180 O. Octopus, 60 Ocypoda, 149 Oestrus, 310 Oliva, 73 Omalysus, 225 Onchidium, 65 Oniscus, 167 Opatrum, 229 Ophiura, 350 Orbicula, 140 Orbitolites, 376 Orbulites, 100 Orthocera, 103 Oryssus, 264 Oscana, 400 Ostrea, 132 Oveolites, 402 Ovula, 72 Oxyporus, 218 P. Pæderus, 219 Pagurus, 158 Palœmon, 160 Palinurus, 159 Pandora, 136 Panorpa, 257 Paphia, 120 Papilio, 282 Passalus, 206 Patella, 68 Pavonia, 372 Pecten, 135 Pectunculus, 115 Pedicellaria, 365 Pediculus, 183 Pedum, 136 Penicillus, 98 Pentatoma, 293 Perla, 255 Perna, 134 Petricola, 121 Phalœna, 286 Phalangium, 176 Phasma, pag. 249 Pholas, 127 Phryganea, 258 Phryne, 175 Phyllidia, 66 Physalia, 355 Physsophora, 356 Pimelia, 230 Pinna, 112 Placuna, 135 Planaria, 330 Planorbis, 93 Planospirites, 400 Planulites, 101 Pleurotoma, 84 Plicatula, 132 Podophtalmus, 182 Podura, 183 Polyphemus, 168 Porcellana, 153 Porpita, 353 Portunus, 151 Prionus, 233 Proboscidea, 340 Proteus, 396 Psocus, 255 Psylla, 298 Pterocera, 80 Pterophorus, 288 Pterotrachea, 61 Ptilinus, 220 Ptinus, 219 Pulex, 314 Pupa,88 Purpura, 77 Pycnogonum,180 Pyralis, 287 Pyramidella, 92 Pyrochroa, 229 Pyrula, 82 R. Radiolites, 130 Ranina, 156 Raphidia, 256 Reduvius, 294 Retepora, 374 Rhagio, 305 Rhizostoma, 354 Ricinus, 183 Ripiphorus, 232 Rostellaria, 81 Rotalites, 401 S. Salpa, 109 Sanguinolaria, 125 Saperda, pag. 235 Scalaria, 88 Scarabœus, 206 Scarites, 217 Scaurus, 231 Scolex, 337 Scolia, 269 Scolopendra, 181 Scorpio, 174 Scutellera, 293 Scutigera, 182 Scyllarus, 156 Sepia, 59 Sepidium, 231 Serpula, 325 Sertularia, 382 Sesia, 281 Siderolites, 376 Sigaretus, 64 Siliquaria, 98 Silpha, 213 Siponculus, 352 Sirex, 264 Solarium, 86 Solen, 125 Spatangus, 348 Spectrum, 249 Sphœridium, 211 Sphex, 269 Sphinx, 281 Spirorbis, 326 Spirula, 102 Spondylis, 236 Spondylus, 131 Spongia, 385 Squilla, 160 Staphylinus, 218 Stencorus, 235 Stomatia, 96 Stomoxis, 309 Stratiomis, 312 Strombus, 80 Strongylus, 337 Syrrphus, 311 T. Tabanus, 306 Tœnia, 334 Telephorus, 222 Tellina, 124 Tenebrio, 230 Tentacularia, 336 Tentredo, 263 Terebella, 324 Terebellum, 72 Terebra, 78 Terebratula, p. 138 Teredo, 128 Termes, 254 Tethis, 63 Tettigonia, 292 Testacella, 96 Thalis, 356 Thalassema, 328 Thrips, 297 Tinea, 288 Tiphia, 269 Tipula, 304 Trichocephalus, 338 Trichocerca, 394 Trichoda, 393 Tridacna, 117 Trigonia, 116 Tritonia, 65 Trochus, 85 Trogossita, 236 Trombidium, 177 Trox, 210 Truxalis, 248 Tubipora, 377 Tubularia, 382 Turbinellus, 83 Turbo, 86 Turrilites, 102 Turritella, 89 V. Velella, 335 Venericardia, 123 Venus, 122 Veretillum, 381 Vermicularia, 97 Vespa, 271 Vibrio, 396 Umbellularia, 380 Unio, 114 Volvaria, 93 Volvox, 396 Voluta, 74 Vorticella, 388 Urceolaria, 389 Vulsella, 133 Z. Zoantha, 364 Zygœna, 285 FIN DES TABLES A PARIS, DE L’IMPRIMERIE DE CRAPELET.